Congo-Russie : « consolider les liens dans la formation des jeunes et les Zones économiques spéciales », pense Valery Mikhaylov

Lundi 9 Février 2015 - 18:00

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Ce 10 février est célébrée la Journée du diplomate russe. L’ambassadeur de Russie à Brazzaville a énoncé les activités prévues à cet effet au Congo. Valery Mikhaylov revient également sur le bilan de 50 ans des liens diplomatiques entre son pays et le Congo en évoquant les tendances de la coopération bilatérale.

Les Dépêches de Brazzaville : Quel est le sens de la date du 10 février célébrée en Russie comme Journée du diplomate?

Valery Mikhaylov : Cette commémoration remonte à 1549. C’est à cette date-là qu’on a notamment institué l’ordre des ambassadeurs. L’histoire de la diplomatie russe est beaucoup plus ancienne, au 9è siècle, avec le premier document bilatéral signé entre la Russie et la Byzance (actuelle Turquie). Cet acte diplomatique avait été ratifié en 860 et portait sur la reconnaissance mondiale de la Russie. En effet, les principes clés de la diplomatie russe reposent aujourd’hui sur le concept de sa politique extérieure adoptée en 2000. Cette politique extérieure consiste à coopérer avec les pays qui sont prêts à traiter avec nous sur les principes de réciprocité et de respect mutuel. Aujourd’hui, plus de 10 000 personnes sont employées par le ministère russe des Affaires étrangères. Dans toutes nos représentations diplomatiques à travers le monde, plusieurs activités sont prévues en marge de cette journée du 10 février.

LDB : Quelles sont les activités prévues à cette occasion, cette année, au Congo?

VM : Notre ambassade compte célébrer cette date en travaillant de façon fructueuse et active. Le 10 février, est organisé un séminaire pour les futurs diplomates congolais à l’École nationale d’administration et de la magistrature (Enam). Ce séminaire portera sur l’histoire de la diplomatie russe et les belles traditions de coopération entre le Congo et la Russie ainsi que les perspectives. Nous verrons les possibilités d’accorder des formations de remise à niveau aux diplomates congolais dans nos établissements. Le 11 février nous allons faire un don de livres à la Bibliothèque nationale du Congo. Les 12 et 13 février, je vais effectuer une visite dans le nord du pays pour consulter les lycées qui enseignent la langue russe. Nous avons décidé de partager cette fête avec tous ceux qui sont liés avec la Russie d’une manière ou d’une autre, et avec ceux qui aiment et respectent l’histoire et la tradition de notre pays.

LDB : L’année dernière, le Congo et la Russie ont célébré le cinquantième anniversaire de leurs relations diplomatiques. Quels sont les grands axes qui retiennent votre attention ?

VM : En effet, l’année 2014 a été une année très importante pour les relations bilatérales entre nos deux pays. Russes et Congolais ont célébré ces 50 années avec éclats aussi bien à Moscou qu’à Brazzaville. Pour nous, le Congo reste un ami fiable et très important. D’ailleurs, nos relations sont basées sur les principes de respect mutuel et du gagnant-gagnant. Au plan politique, notre coopération est au haut niveau et se développe davantage à travers les mécanismes de consultations politiques entre nos ministères des Affaires étrangères, nos deux Parlements et nos partis politiques.

LDB : Ces liens se sont consolidés tout au long de l’histoire, n’est-ce pas ?

VM : Il faut noter que les points de vue de nos deux pays sur les sujets d’actualité sont très proches, ou coïncident souvent, à propos de modes de règlement des conflits. À ce sujet, nous sommes très reconnaissants du soutien congolais dans l’adoption de la résolution des Nations unies sur la lutte contre le racisme, l’exclusion et la xénophobie. Cela est très symbolique en cette année 2015 qui marque le 70è anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Mon pays apprécie hautement les efforts du président Denis Sassou N’Guesso dans le règlement des crises sur le continent africain et précisément au niveau de la sous-région. Car les conflits armés ne peuvent se régler que par les voies diplomatiques, pacifiques ainsi que le dialogue.

LDB : Quelles sont les perspectives de développement de cette coopération ?

VM : Nous avons de bonnes perspectives dans les domaines commercial, économique et humanitaire. Chaque année la Russie offre des bourses d’État aux étudiants congolais pour des études supérieures. Le centre culturel russe de Brazzaville travaille activement en promouvant la langue russe. Il organise aussi des manifestations culturelles et d’autres initiatives qui ont obtenu un grand succès auprès du public congolais. L’année dernière, une délégation congolaise a visité la Russie et ces Congolais ont vu de leurs propres yeux ce qu’est la Russie d’aujourd’hui. C’est dans ce sens que nous allons renforcer nos partenariats surtout en matière de formation des jeunes. L’accord sur l’exemption de visa signé l’an dernier est l’expression de cette coopération.

LDB : En dehors du grand projet de construction de l’oléoduc Pointe-Noire/ Brazzaville/Ouesso, peut-on savoir d’autres projets phares de cette coopération ?

VM : La visite présidentielle en 2012 en Russie est devenue un évènement très important pour les relations bilatérales entre nos deux pays. Depuis cette date, nos deux représentations diplomatiques ont multiplié des actions pour élargir cette coopération au-delà des aspects économiques. Je peux dire que le projet de l’oléoduc est l’un des nombreux projets envisagés. Le plus important, c’est la relance des activités de la commission mixte sur la coopération économique, commerciale, scientifique suspendue depuis près de vingt années. La dernière session qui a eu lieu en avril 2014 a permis aux experts congolais et russes d’examiner de façon très large nombreuses questions. Nous pouvons citer les domaines de l’agro-alimentaire, la gestion des forêts, de communication et de sécurité. Nous travaillons aussi sur les zones économiques spéciales qui peuvent devenir une grande plate-forme de coopération entre nos pays.

Propos recueillis par Guy Gervais Kitina et Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Valery Mikhaylov, ambassadeur de la Russie au Congo, photo Adiac