Conseil des droits de l’homme de l’ONU : l’élection de la RDC fait jaser

Mardi 17 Octobre 2017 - 19:26

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 Le Congo Kinshasa siégera comme membre de l'institution onusienne de 2018 à 2020, à côté de trois autres États africains (l’Angola, le Sénégal et le Nigeria) malgré la campagne orchestrée à l’international visant à bloquer sa candidature.

Ça y’est. La République Démocratique du Congo (RDC) a été finalement admise, le 16 octobre, au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU au terme d’un vote qui continue à susciter une vive controverse dans l'opinion internationale. Une victoire pour la diplomatie congolaise qui s’est investie dans ce challenge? nonobstant la campagne orchestrée par une centaine d’ONG congolaises en synergie avec certaines puissances occidentales. La fronde menée contre le régime de Kinshasa, accusé de ne pas être un bon exemple en matière de défense et de protection des droits de l'Homme, n’a pas produit d’effet escompté dans le chef du groupe des États africains siégeant au Conseil. Ces derniers, au nom de la solidarité continentale, ont apporté un soutien sans faille à la candidature du Congo-Kinshasa jusqu’à baliser la voie à son élection.

Contre toute attente, la RDC est allée au-delà des prévisions en glanant 151 voix en sa faveur alors que la majorité absolue oscillait autour de 97 voix seulement. Ce qui lui donne droit à un des quatre sièges réservés au groupe africain dans cette institution onusienne basée à Genève et qui compte au total 47 membres. Les trois autres candidats africains, en l‘occurrence l’Angola, le Sénégal et le Nigeria ont respectivement obtenu 187, 188 et 185 voix. Ainsi donc, la RDC siégera de 2018 à 2020  à ce Conseil qui a récemment ouvert, à la suite des violences survenues au Kasaï, deux enquêtes sur le pays.

Cette élection de la RDC a suscité des réactions en sens divers. Au niveau officiel, le satisfécit était total d’autant plus que ce fait est présenté comme la résultante des efforts menés par le chef de l’État, Joseph Kabila, qui n’a pas lésiné sur les moyens pour parvenir au résultat. Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Léonard Shé Okitundu, considère cette victoire comme celle de Joseph Kabila dont il salue la détermination de voir la RDC participer aux décisions de cette institution onusienne chargée des droits de l’Homme. Pour Lambert Mende qui se réjouit que d’autres États non africains aient apporté leur soutien significatif à son pays- les résultats du vote en témoignent -, « la RDC va devoir mettre à contribution son expérience en la matière au service du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU » alors que certains partenaires de la communauté internationale plongés dans le Congo baching souhaitaient lui priver de ce privilège. 

D’une réaction à une autre

Si pour une certaine opinion, le vote de la RDC reflète les dynamiques et les règles au sein du Conseil selon que le groupe des pays africains ne fait généralement qu’entériner les propositions de candidatures émises, une autre refuse d’admettre la réalité pourtant implacable. Des organisations de défense des droits de l’Homme opérant en RDC, telle que l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho), considèrent que la RDC a usurpé un siège qui n’est pas censé lui revenir puisqu’elle n’est pas un bon élève en matière de protection et de promotion des droits de l’Homme. En dépit de cette élection, l’Asadho redoute une détérioration de la situation des droits de l'Homme dans le pays, à l’approche de décembre 2017 fixé pour la tenue des scrutins d’après l’accord de la Saint-Sylvestre.  

Plus tranchante, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a estimé dans un communiqué publié dans la foulée de cette élection que celle-ci est « une preuve de plus du manque de crédibilité du Conseil des droits de l'Homme et de la nécessité de le réformer afin de le sauvegarder ». Ce pays - allusion faite à la RDC – « connu pour sa répression politique, sa violence faite aux femmes et aux enfants, ses arrestations et détentions arbitraires, ses homicides et disparitions illégales, a été élu pour travailler au sein de l'institution la plus importante pour les droits de l'Homme », a-t-elle indiqué. Et d’assurer qu'elle devrait impérativement visiter la RDC au lieu de se fier aux journalistes et aux défenseurs des droits de l'Homme pour se faire une réelle conviction sur ce qui est dit autour.

Enfonçant le clou, Louis Charbonneau, directeur de Human Rights Watch à New York, considère l’élection de la RDC comme « une gifle pour les nombreuses victimes des violations graves des droits de l'Homme » commises par le gouvernement dans tout le pays . Il est triste, a-t-il ajouté, « que les membres de l'ONU n'aient pas été plus sélectifs » dans leur choix. Dans quelle mesure l’admission de la RDC au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU va-t-elle influer sur le processus politique dans le pays et, par ricochet, donner plus de crédit au pouvoir de Kinshasa ? L’avenir nous le dira. 

Alain Diasso

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