Conseil des sages du Rassemblement : la succession d'Étienne Tshisekedi sur fond de clientelisme ?

Lundi 27 Février 2017 - 19:04

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La situation de l’opposition politique nationale semble assez confuse depuis la disparition d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba le 1er février 2017. En effet, le décès du sphinx de Limete pendant les « discussions directes », sous la facilitation de la Conférence épiscopale nationale de Congo (Cénco), entre la majorité présidentielle et le Rassemblement des forces sociales et politiques acquises au changement (Rassop) pose trois questions importantes. Il s’agit, en premier lieu, de la succession d’Étienne Tshisekedi à la tête du Conseil des sages du Rassemblement, ensuite celle de sa succession à la présidence du Comité nationale de suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 signé entre la Majorité et le Rassemblement, et enfin de la problématique de la désignation du Premier ministre issu du Rassemblement conformément à l’Accord de la Saint-Sylvestre.

La succession d’Étienne Tshisekedi à la tête du comité des sages est au cœur des tractations actuelles pour la restructuration du Rassemblement, plate-forme de l’opposition composée de plusieurs autres plates-formes et partis politiques. L’on apprend qu’une frange des formations politiques du Rassemblement a tenté par tous les moyens à organiser un autre conclave Genval 2 à Bruxelles ; la quasi-totalité des membres aurait obtenu le visa pour se rendre en Belgique, sous prétexte d’aller participer aux funérailles d’Étienne Tshisekedi officiellement ouverts le 5 février 2017 dans la capitale belge. Mais Genval 2 aurait avorté parce que l’un de membres influent du Conseil des sages aurait décliné cette démarche, préférant faire le deuil au pays après avoir eu connaissance de dessous des cartes de Genval 2. Le même groupe est revenu à la charge pour tenter d’organiser un Conclave du Rassemblement, avec dix personnes par composante, dans un endroit autre que le siège du Rassemblement. Le message de convocation aurait été envoyé aux membres par un membre n’ayant pas qualité de convoquer le conclave (on citerait le nom de Christophe Lutundula du G7).

Mais Joseph Olenghankoy de la plate-forme Debout congolais, membre de la Dynamique de l’opposition, a, sur les ondes de Top Congo FM, souligné que personne n’a le droit de convoquer le Conclave en dehors d’Étienne Tshisekedi qui était le président du Conseil des sages de cette structure de l’opposition. Son poste étant vacant depuis sa disparition, à la rigueur, le porte-parole du Rassemblement, Bruno Tshibala, serait habilité à présider une réunion du Rassemblement en son siège situé à Kinshasa dans la commune de Limete. C’est dans cet ordre d’idées que l’abbé Théo Tshilumba, secrétaire particulier du feu Étienne Tshisekedi, a, dans un message depuis Bruxelles, demandé à ce que les réunions du Conseil des sages du Rassemblement se tiennent au siège de cette plate-forme politique à Limete, et pas ailleurs.

L’objectif non dit de ce Conclave décrié, souffle-t-on, serait le remplacement d’Étienne Tshisekedi à la tête du Conseil des sages et la désignation d’un chef qui dirigerait l’opposition à distance. Et l’on parle de l’argent sale qui circulerait à flot pour acheter les consciences afin d’accréditer cette démarche peu orthodoxe. Mais les leaders du Rassemblement s’opposent à ce Conclave. « Des personnes qui ont juste huit mois dans l’opposition ne devraient aucunement prendre la direction de l’opposition », laisse-t-on entendre. Beaucoup clair sur ce dossier, Lisanga Bonganga a, dans une interview accordée à actualite.cd tranché en ces termes : « Au G7, personne n’incarne le combat politique mené par Étienne Tshisekedi pour prétendre diriger le Rassemblement».  

Entre-temps, des candidatures sont déposées pour briguer la présidence du Conseil des sages de Rassemblement. Ces candidatures se multiplient, même celles des personnes qui ne sont pas membres du Conseil des sages, et cela donne l’impression d’un marché d’argent. Si l’on doit procéder par élection qui est un procédé démocratique par excellence, les membres du Conseil des sages uniquement devraient constituer le corps électoral, argue un analyste avisé.

Choix judicieux de candidat...

La Dynamique de l’opposition qui compte quatre membres sur treize au sein du Conseil des sages originel du Rassemblement (Joseph Olenghankoy, Gilbert Kiakwama, Ingele Ifoto et Mayombe -remplacé par Freddy Matungulu-) est monté aussi au créneau pour présenter la candidature d’Olenghankoy, une candidature suffisamment motivée. L’homme est une figure de proue du combat pour l’instauration de la démocratie en République du Congo. Les faits parlent en sa faveur de celui qui fut un jeune turc d’Étienne Tshisekedi dans la lutte à l’époque contre la dictature du feu président Mobutu. Tshisekediste de première heure, Olenghankoy baigne dans l’aile dure de l’opposition depuis belle lurette, lui qui a aussi été un conseiller de l’illustre défunt. L’artisan des « villes mortes » à travers le pays et d’autres actions de l’opposition sur le terrain est aujourd’hui un animal politique expérimenté dans la lutte pour la démocratie, par rapport à certains acteurs politiques ayant moins d’une année d’opposition au pouvoir.

Le leader des Forces novatrices pour l’union et la solidarité dispose aujourd’hui d’un atout de plus, la latitude de fédérer des forces et des personnalités autour de sa personne.  Aussi bénéficierait-il du soutien formel de l’autre aile de l’opposition, signataire de l’Accord conclu à la Cité de l’UA le 18 octobre 2016. Sa présence à la présidence du Conseil des sages du Rassemblement pourrait être un gage d’une probable unification de l’opposition qui semble trop plurielle et éparse. Aussi se présente-t-il comme la personne censée amener le Rassemblement à atteindre ses objectifs, à savoir réussir l’alternance démocratique à la tête du pays.

Martin Enyimo

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