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Conseils d’ami

Dimanche 27 Septembre 2015 - 18:00

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S’il est un conseil que l’on peut, que l’on doit donner dans le moment présent aux puissances tentées de s’immiscer dans les affaires intérieures des Etats africains, c’est bien celui de tourner sept fois leur langue dans la bouche avant de parler, de s’informer à bonne source au lieu de s’en tenir à des informations ou des assertions émanant de sources peu crédibles, de s’abstenir de donner aux dirigeants africains des leçons de bonne gouvernance qui relèvent plus du néocolonialisme que de la morale politique.

Pour s’être mêlées ces dernières années de questions qui ne les regardaient nullement, ces mêmes puissances ont, en  effet, sinon provoqué du moins favorisé des drames en série qui se retournent aujourd’hui contre elles. Sont là pour le démontrer de façon irréfutable le chaos qui s’étend de la Libye au Levant, mais aussi la vague incontrôlée des migrants qui en découle et qui submerge aujourd’hui l’Europe, plongeant le Vieux continent dans une crise dont il aura le plus grand mal à sortir sans casse.

Prenons, pour illustrer ce propos, le cas du Congo dont les citoyens seront appelés dans quelques semaines à se prononcer sur le changement de la Constitution qui les régit.

Indépendant depuis plus d’un demi siècle et s’étant reconstruit à l’issue de guerres civiles qui l’avaient plongé dans le chaos, il n’a de comptes à rendre qu’à lui-même dès lors qu’il respecte les règles fondamentales régissant les démocraties sur les cinq continents que compte la planète. Si ses plus hautes autorités, au terme d’une série de consultations qui a duré plusieurs mois et qui a démontré une aspiration réelle de la société civile au changement, décident de recourir au référendum pour approuver ou rejeter la nouvelle Constitution qu’elles proposent, il n’appartient évidemment pas aux puissances extérieures de s’immiscer dans le débat en cours. Encore moins de se ranger, ouvertement ou plus discrètement, dans le camp de ceux qui, dans le pays et ailleurs, notamment en France, refusent au mépris de tous les principes démocratiques de laisser le peuple congolais se prononcer librement sur sa gouvernance publique

La seule disposition que doivent prendre les institutions internationales et les puissances étrangères, que celles-ci soient africaines ou extérieures au continent, est de veiller à ce que les consultations populaires à venir soient conduites par les autorités de la République conformément aux règles qui régissent toutes les démocraties de par le monde. Dès lors que l’organisation des scrutins à venir – référendum, élection présidentielle, élections législatives, élections locales – est conforme aux règles, seul le peuple congolais a le droit, et d’ailleurs le devoir, de se prononcer. Les puissances extérieures, elles, doivent s’abstenir de tout geste, de toute parole, de toute insinuation qui pourraient laisser croire qu’elles s’immiscent dans le débat politique en cours.    

Disons aussi à ce propos et pour faire bonne mesure que les représentants officiels de nations amies qui conseillent dans le moment présent à leurs ressortissants de prendre, comme on dit en langue populaire, du champ jusqu’à ce que les Congolais aient clairement dit ce qu’ils veulent commettent une erreur que leur pays paiera demain au prix fort. La blessure que cause un tel comportement ne se refermera pas et d’autres nations en profiteront pour démontrer  qu’elles respectent l’indépendance du Congo, affirmant du même  coup leur présence dans les domaines les plus divers.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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