Contentieux Martin Fayulu- Félix Tshisekedi : l’option du recomptage des voix s’éloigne

Jeudi 17 Janvier 2019 - 17:23

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La décision de la Cour constitutionnelle qui examine, depuis mardi, le recours de Martin Fayulu en contestation des résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a été mise en délibéré.

Depuis le 15 janvier, la Cour constitutionnelle examine le recours introduit par Martin Fayulu, qui continue de contester la victoire de Félix Tshisekedi crédité de 38% à la présidentielle, selon les résultats publiés par la Céni. Remettant en cause ce résultat qu’il estime non conforme à la vérité des urnes, le candidat de la coalition Lamuka exige, dans sa requête introduite sous le label Dynamique de l’opposition, le recomptage manuel des voix. Revendiquant 61% des voix issues d’une compilation effectuée par une structure mise en place par son regroupement politique, Martin Fayulu estime être le seul « vrai président élu » tout en qualifiant de « putsch électoral » le verdict rendu par la Céni.

C’est forts de ces convictions que ses avocats se sont présentés à l’audience du mardi, exigeant que les résultats soient publiés bureau de vote par bureau de vote, que les procès verbaux soient rendus publics et que les résultats soient assis sur des éléments chiffrés que le commun des Congolais aura la latitude d’apprécier. En fait, pour les avocats de Martin Fayulu, les résultats publiés par la Céni étaient différents de ceux affichés par elle-même devant les bureaux de vote au soir du scrutin. Ce hiatus, d’après eux, a faussé les résultats finaux et, par conséquent, aura porté sur le strapontin du pouvoir celui que les Congolais n’attendaient pas.

D’où leur plaidoyer en faveur du recomptage des voix afin de rassurer tout le monde. Pour la défense du Cap pour le changement, la Cour devrait carrément rejeter la requête de la Dynamique de l’opposition qu’elle estime non fondée. Et d’ajouter que, techniquement, l’opération de recomptage des voix pourrait avoir comme conséquence le dépassement de tous les délais, ou mieux des échéances post-électorales établies dans le nouveau chronogramme fixé par la Céni. Invitée en tant qu’experte, la Céni a, par le biais de son délégué, fait voir à la Cour l’impossibilité technique de procéder au recomptage des voix endéans une semaine, c’est-à-dire avant la prestation du nouveau président élu censé intervenir le 22 janvier.

Ce qui n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin du Ministère public qui a plaidé pour l’irrecevabilité de la requête de Martin Fayulu pour défaut de qualité. Et d’exhorter la Cour à rejeter l’option de recomptage des voix exigée par Martin Fayulu qui, a-t-il indiqué, n’a pas été en mesure de fournir les procès verbaux et autres fiches des résultats issus du travail de compilation réalisé par ses équipes. Ceci, a-t-il indiqué, est amplement suffisant pour que l’instance judiciaire rejette l’option de recomptage des voix. Eu égard à cet état des choses, a-t-il conclu, la demande du requérant viole non seulement l’article 74 de la loi électorale mais aussi place les juges dans l’impossibilité de procéder à la vérification, qui est d’usage préalable au recomptage manuel des résultats.

Dans le camp de Félix Tshisekedi, on continue d’afficher une certaine sérénité. Quoiqu’il en soit, l’Union pour la démocratie et le progrès social se dit prête à accepter le verdict de la Cour constitutionnelle. « Si ce recomptage des voix est une décision de la Cour constitutionnelle, le parti acceptera pour autant qu’il n’est pas imposé par des puissances étrangères », avait indiqué Vidiye Tshimanga, porte-parole de Félix Tshisekedi.

La décision de la Haute Cour a été mise en délibéré. Rappelons que selon la loi électorale, le recomptage des voix relève « du pouvoir d’appréciation du juge » et constitue « une mesure extraordinaire d’instruction à laquelle le juge peut recourir après avoir épuisé toutes les autres vérifications d’usage ». 

Alain Diasso

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