Contrefaçon des œuvres musicales : le calvaire des artistes et producteurs

Jeudi 7 Février 2019 - 21:16

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La vente des chansons piratées à Brazzaville est devenue un commerce informel en plein essor qui attire de plus en plus de la clientèle, en défaveur des artistes eux-mêmes.

 

En circulant dans la ville, on est intrigué par une apparence forte et attractive : les trottoirs sont tous les jours pris d’assaut par les vendeurs de disques de contrefaçon qui étalent leurs marchandises, au grand dam des passants . Ils s’activent à héler les clients en leur proposant des oeuvres de tous genres les plus récentes.

D’autres, par contre, parcourent les artères, à longueur de journée, avec leurs marchandises. On les voit défiler tous les jours, sac au dos, CD à la main, d’une rue à une autre, d’un quartier ou d’un bistrot à un autre, d’un carrefour à un autre. Ces vendeurs ambulants usent de tous les subterfuges pour faire écouler rapidement leurs marchandises au détriment des originaux. « Ce commerce vaut mieux que de ne rien faire. L’argent que nous gagnons ici nous permet de subvenir à nos besoins, de ne pas aller voler et de ne pas se livrer à la délinquance », a déclaré Christian Nganongo, interrogé au marché de Mikalou, dans le sixième arrondissement de Brazzaville, Talangaï.

 Un autre fait qui retient l’attention, ce sont des pancartes sur lesquelles on peut lire: " Ici téléchargement des chansons et vidéos". Ces produits de contrefaçon sont vendus à des prix largement inférieurs à ceux proposés par les artistes et les distributeurs, variant d’un endroit à un autre : 300 ou 500 FCFA pour un CD, 25 ou 50 FCFA pour le téléchargement d’une chanson et 50 ou 100 FCFA pour le téléchargement d’une vidéo.

Selon ces contrefacteurs, leur activité s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et le chômage, oubliant le grand préjudice causé aux artistes musiciens et leurs producteurs. Abou Keita, promoteur d’une maison de distribution des œuvres artistiques à Moungali, le quatrième arrondissement, nous a confié que ce commerce informel constitue une grande menace pour la vente des oeuvres originales.

En effet, de nombreuses maisons de distribution ont fermé leurs portes et sont dans une phase difficile. « Tous les artistes et orchestres dont les œuvres sont piratées enregistrent des préjudices importants. La piraterie met en danger l’innovation et la créativité », a-t-il ajouté.

« La piraterie a causé un dommage inestimable chez les artistes. Ni les producteurs ni les artistes ne perçoivent un revenu issu de l’exploitation illégale de leurs œuvres. Par ailleurs, ils ne sont plus en mesure de financer durablement la création artistique. La plupart d’entre nous éprouvent, aujourd’hui, des difficultés pour trouver un producteur et sommes parfois obligés d’exercer d’autres activités pour survivre. La piraterie rapporte des revenus aux pirates, au détriment des artistes et des producteurs qui sont, en réalité, les véritables bénéficiaires », a déploré Chaddy Mazakin, artiste musicien.

 

Cisse Dimi

Légendes et crédits photo : 

Photo:Des CD étalés à même le sol pour la vente

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