Coopération économique : l'Afrique et la France militent pour une croissance partagée

Samedi 7 Février 2015 - 15:40

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Un an après la conférence économique du sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité, Paris accueille le forum franco-africain pour une croissance partagée, consacré aux relations économiques entre le continent noir et la France, en présence de plus de 700 participants en provenance de 33 pays.

L'objectif est de mettre la jeunesse, l'innovation et les financements innovants au cœur de la nouvelle dynamique économique franco-africaine. À l'occasion, le président français François Hollande a invité ses homologues africains, Ali Bongo du Gabon, Allasane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Macky Sall du Sénégal et  Goodluck Jonathan, représenté par son ministre des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala. Une trentaine de ministres africains font partie de la rencontre, animée par 50 intervenants.

La rencontre est placée sous le signe du renouveau et de l'approfondissement d'un nouveau modèle de partenariat économique, une occasion pour présenter le travail de la Fondation franco-africaine pour la croissance, confiée au président de PAI, Partners Lionel Zinsou.

Ce sont le ministre français des Affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, son homologue des Finances, Michel Sapin, celui des Finances Emmanuel Macron, ainsi que le président du Medef (patronat français), Pierre Gattaz qui ont présenté la nouvelle architecture des relations économiques entre l'Afrique et la France.

L'Afrique une chance pour la France et réciproquement !

Le ministre français des Affaires étrangères a rappelé les « liens indéfectibles » qui unissent la France et l'Afrique qui se doivent d'être renforcés, sans oublier l'actuel  dynamisme incontestable du continent africain qui se vérifie, selon lui par son intégration croissante au sein de l'économie-monde (5% de croissance économique annuelle),  la volonté de sa jeunesse qui « travaille pour façonner un avenir meilleur.»

Laurent Fabius y voit une chance pour la France, car « terre de promesses pour les entrepreneurs français. Mais une chance aussi, parce que les entrepreneurs africains investissent de plus en plus en France ». Une chance également, parce que la jeunesse africaine se forme  et,  Laurent Fabius pense que les universités et les centres français ont à cet égard un rôle décisif à jouer. Encore une chance, du fait que la francophonie dans le continent est l'un des « trésors communs, une des passerelles culturelles et économiques » communes.

Michel Sapin a quant à lui rappelé les termes du sommet de l'Elysée où Africains et Français s'étaient fixés des objectifs sur le plan économique, visant à renforcer les échanges commerciaux entre l'Afrique et la France et mieux soutenir le développement du continent. Il a aussi  rappelé que les entreprises africaines et françaises bénéficiaient du soutien de Business France et de la  Banque publique d'investissement (BPI), ainsi que des instruments de Bercy, comme la Réserve pays émergents ou le Fonds d'étude et d'aide au secteur privé en vue de sécuriser les investissements.

Emmanuel Macron a annoncé de son côté une mobilisation de 20 milliards d'euros de  de financements pour l'Afrique entre 2014 et 2020, en provenance de l'AFD, qu'il considère comme une opportunité pour les entreprises africaines et franco-africaines. Pour lui l'Afrique et la France avaient un rôle particulier à jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique et dans l'adaptation aux conséquences de ce changement, qu'il considère comme un enjeu majeur pour la préservation de la planète et pour les futures générations. Emmanuel Macron pense également qu'il y a devoir pour l'Afrique et la France d'aboutir « ensemble à un accord ambitieux à Paris, en décembre, à l'occasion de la COP 21 ». A cet égard la France s'est engagée à soutenir les démarches africaines en faveur de l'adaptation climatique et la réduction des émissions  de Gaz à effet de serre (GES).

 "Notre responsabilité historique, c'est de consolider ces liens économiques, culturels et amicaux, le forum est un espace d'échange, un événement qui démontre que les relations entre la France et l'Afrique sont placées sous le sceau de l'égalité", a conclu le ministre français des Finances, Emmanuel Macron.

Pour  le président du Medef, Pierre Gattaz, la France est à un tournant dans sa relation économique avec l'Afrique et le Forum franco-africain pour la croissance partagée constitue en effet, une nouvelle opportunité pour les entrepreneurs africains et français. Il reconnaît qu'aucune entreprise ne peut bâtir sa stratégie internationale en ignorant l'Afrique, qui représente ¼  de la population mondiale d'ici 2050 et qui affiche depuis une décennie un taux de croissance supérieur à 5%.

« Dans une Afrique qui bouge et un environnement de plus en plus compétitif, les entreprises françaises doivent renforcer leur présence », a martelé Pierre Gattaz, rappelant qu'il y a plus d'acquis pour aucun partenaire étranger et invitant les Français à « réadapter leurs logiciels » de compréhension et d'action pour répondre aux enjeux du continent.

Pierre Gattaz a par ailleurs, énuméré les axes sur lesquels la France est attendue, notamment la jeunesse, l'innovation, la ville, les infrastructures (électrification), le financement de l'économie et des projets des entreprises. « L'Afrique accélère sur son chemin de croissance et d'émergence et a besoin d'investissements dans le cadre d'une relation équilibrée », a conclu Pierre Gattaz.

Noël Ndong