Coopération: l’UA dément avoir été espionnée par la Chine

Samedi 10 Février 2018 - 13:15

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En visite en Chine pour le renforcement des relations sino-africaines, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, s’est joint à Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, pour apporter un démenti aux accusations d'espionnage supposé du siège de cette institution à Addis-Abeba par l'empire du Milieu.

 

« L'Union africaine est une organisation internationale qui ne traite pas de dossiers secret-défense. Je ne vois pas quel intérêt a la Chine d'offrir un tel bâtiment puis à l'espionner. Ce sont des allégations totalement mensongères. Les relations entre la Chine et l'Afrique sont inébranlables (...) Nous sommes en plein débat pour le renforcement de cette coopération et aucune manœuvre ne le fera dérailler », a déclaré le président de la commission de l'UA.

« À présent, nous sommes prêts à coopérer davantage avec la Chine pour bénéficier à la population africaine, et de telles rumeurs ne pourront pas nous distraire », a-t-il renchéri.

Une position reprise à son compte par Wang Yi d'une manière beaucoup plus explicite. Le ministre chinois des Affaires étrangères a mis les révélations du journal français sur le compte de « jaloux de la coopération sino-africaine » dont le volet commercial s'est chiffré à  cent cinquante milliards de dollars en 2016.

Presque dans des termes similaires, Kuang Weilin, l'ambassadeur de la Chine auprès de l'UA avait dénoncé, au lendemain des révélations du journal "Le Monde", une histoire "complètement fausse et absurde"

La visite de Moussa Faki Mahamat, première du genre depuis son élection à la commission de l'UA, a coïncidé avec le septième dialogue stratégique Chine-UA, une rencontre au sommet pour ébaucher une feuille de route dans l'approfondissement des relations sino-africaines.

En marge de cette rencontre, le président de la commission de l’UA a inauguré le siège de la représentation permanente de l’UA en Chine. Un niveau de représentation égale à celui que détient Pékin à Addis-Abeba, au siège même qu'elle est accusée d'espionner.

La Chine a-t-elle espionné le siège de l'UA ? C'est en tout cas ce qu'affirme "Le Monde" dans un article publié le 26 janvier dernier. Citant plusieurs sources internes à l'organisation panafricaine, le quotidien assure que les informaticiens de cette institution se sont rendus compte, il y a environ un an, que le contenu des serveurs de l'UA était transféré vers d’autres serveurs à Shangaï.

Ces mêmes sources indiquent que ces transferts auraient commencé dès 2012, lorsque s'est achevée la construction du siège de l'UA, offert par la Chine. « Les serveurs de l'UA ont été changés l'année dernière, lorsque cette faille du système a été découverte. Une nouvelle architecture informatique a été déployée. », soutient-on. Après cette découverte, des experts éthiopiens en cybersécurité auraient inspecté le bâtiment et y auraient trouvé des micros, rapporte encore "Le Monde".

Lors du 30e sommet de l’UA tenu récemment à Addis-Abeba, le tout nouveau président de l'institution, le Rwandais Paul Kagamé, a estimé que, « Si les Chinois veulent entendre ce qu'on dit, lire ce qu'on écrit, ou n'importe qui d'autre... Je ne pense pas que l'espionnage soit une spécialité uniquement des Chinois. Nous sommes entourés d'espions, partout dans le monde ».

Le nouvel immeuble, « don de la Chine aux amis de l’Afrique », a été offert il y a tout juste six ans. Il a été entièrement équipé par les Chinois. Les systèmes informatiques ont été livrés clé en main.

Yvette Reine Nzaba

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