Côte d’Ivoire : le gouvernement dissous sur fond de tensions

Jeudi 5 Juillet 2018 - 14:01

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Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a décidé de dissoudre, le 4 juillet, l'exécutif composé essentiellement de membres de la coalition au pouvoir. Pour cause : la question de créer un « parti unifié » en prélude à la prochaine élection présidentielle de 2020 ne fait pas l’unanimité.

Déjà, Amadou Gon Coulibaly, connu pour être proche du président, a été reconduit sans surprise au poste de Premier ministre, avec pour mission de « proposer une équipe gouvernementale avec des personnalités issues du RHDP et de la société civile ».

Cette dissolution du gouvernement ivoirien intervient dans un contexte de tension au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) sur la question de la création d’un « parti unifié » en prélude à la prochaine élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. Cher à Alassane Ouattara, ce projet de parti unifié dont le manifeste a été déjà signé par les responsables de plusieurs partis membres de la coalition du RHDP, devrait consacrer, à terme, la dissolution de ces formations politiques au sein d’une entité unique en vue de la prochaine échéance présidentielle.

Toutefois, certaines réticences se sont fait jour relativement à ce projet. Ainsi, réunie en congrès extraordinaire en avril dernier, l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI), un parti membre de cette coalition, a réservé une fin de non-recevoir à ce projet. Une décision qui a fortement déplu à Alassane Ouattara qui n’a pas manqué de proférer des menaces à peine voilées contre ce parti.

En effet, prenant la parole lors d’un congrès ordinaire de sa formation politique, le Rassemblement des républicains, le 5 mai dernier, le président ivoirien avait annoncé un remaniement ministériel « dans les semaines à venir », ajoutant que « l’un des partis (en parlant de l’UPCI) n’a pas souhaité adopté l’accord politique pour la création du parti unifié. C’est son droit et donc ne fera pas partie du prochain gouvernement RHDP qui comprendra tous les membres du RHDP, comme cela a été le cas par le passé ».

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié, héritage du défunt président Félix Houphouët Boigny, dont la majorité des militants semble assez hostile à l’idée de dissolution de leur formation, a décidé du report de l’adoption des textes portant création de ce « parti unifié »  après l’élection présidentielle de 2020. Au cours de celle-ci, le PDCI souhaite « une alternance en faveur d’un cadre issu » de ses rangs en application d’un supposé accord entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara en 2015.

Une question qui divise au sein des houphouëtistes. Faute d’avoir eu gain de cause au niveau du bureau politique, un certain nombre de cadres du PDCI, conduits par le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, ont lancé, au sein de ce parti, un courant favorable à ce projet. Ainsi, selon de nombreux analystes, la future équipe gouvernementale ivoirienne devrait faire la part belle aux partisans de ce projet de parti unifié dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, à laquelle Alassane Ouattara laisse planer, depuis peu, le doute sur une éventuelle candidature pour un troisième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire.

Josiane Mambou Loukoula

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