Couleurs de chez nous: Au nom du pagne !

Jeudi 7 Mars 2019 - 21:10

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La journée du 8 mars, célébrée au niveau international, symbolise la liberté et l’émancipation de la femme. Ici et là, on saisit ce prétexte pour condamner toutes les formes de violences faites aux femmes et sensibiliser à leur sort. Dans les administrations, au sein des organismes internationaux et même pour certaines professions, des recommandations sont faites en vue de la prise en compte du genre et de la parité.

Au-delà des slogans et des ambitions écrites sur les documents officiels, sur le terrain est engagé un véritable travail d’éducation des femmes pour leur faire comprendre la nécessité pour elles de s’impliquer dans la gestion de la cité et l’intérêt pour elles aussi de s’approprier ce qui, jusqu’ici, est encore considéré comme un combat.

Documentaires, reportages, discussions avec certaines communautés, affiches, manifestations de masse, inscriptions dans les programmes scolaires, etc., autant d’initiatives mises en place pour atteindre cet objectif de « faire de la femme l’égale de l’homme », une citoyenne à part entière avec tous les droits et devoirs garantis.

Tels sont les grands enjeux qui entourent la célébration de la fête du 8 mars. Du moins, au niveau mondial.

Cependant au Congo, cette fête de la femme revêt d’autres couleurs. On dira plutôt qu’elle révèle ce qu’est réellement la femme congolaise dont la revendication première reste : le pagne. On en rirait si l’argument venait d’un comédien. Pourtant, il s’agit de la réalité.

Depuis le début de ce mois de mars, en effet, dans les foyers et dans les administrations, un refrain est revenu : « Monsieur ! J’attends que tu me donnes l’argent pour le pagne du 8 mars » ou « Chef ! Nous attendons votre décision à l’occasion du 8 mars».

Pendant ce temps, les uns et les autres hésitent à décrocher les téléphones. Vaine dérobade des victimes que les femmes contournent facilement par l’envoi des messages assortis de la même demande : « Le pagne du 8 mars arrive quand ? ».   

Tic-tac ! Les jours passant et se succédant, le stress monte chez les hommes qui, à l’approche de la fameuse date, n’avaient pas encore satisfait à la demande. Dans la même période, dans les marchés, le pagne du 8 mars passe pour l’article le plus coté. Parce que la demande est manifeste, les vendeuses, car il s’agit encore de femmes, ont trois options pour écouler cette marchandise du mois : la vente ambulante, la livraison à domicile ou la vente à crédit. Un 8 mars bien plus qu’un anniversaire personnel pour chaque femme !

Au bout de la lutte, la femme est libérée car, de guerre lasse, l’homme a fini par lâcher en acceptant de donner l’argent du pagne pour le 8 mars. Défilé ou pas, cette date sert aussi de prétexte pour la femme congolaise qui, souvent, rentre tard à la maison, souvent éméchée, parce que la journée aura été épuisée dans les boîtes de nuit ou autres lieux de détente. 

Menace sur les couples, poches grevées et dettes au compteur : tel est le résultat définitif du 8 mars tel que récupéré à une certaine échelle de la société congolaise.

Van Francis Ntaloubi

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