Couleurs de chez nous : la rue de…l’avenue de….

Vendredi 16 Février 2018 - 18:30

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L’une des caractéristiques de Brazzaville, ce sont ses rues avec des noms. Rue Epéna, rue Kinkala ou rue Bénin. Ce sont aussi ses avenues telles que France, Trois martyrs, La Paix, l’OUA ou la Tsiémé.

Or, depuis quelques années, les rues et avenues commencent à perdre leurs noms. L’argument est certes exagéré mais on y est presque. Et pour cause : nombre de citoyens ne savent même plus dans quelle rue ils résident. Soit le nom de la rue est rébarbatif (le cas de la rue Ndzakou? en face de Ciespac), soit la rue porte le nom du premier occupant et, pour cette seule raison, les autres habitants refusent de faire la promotion de celui qu’ils considèrent comme un usurpateur. Faut-il y ajouter l’inculture ou l’analphabétisme ? Assurément non.

Mais il y a plus. Demandez une adresse dans Brazzaville, vous aurez une réponse dans le genre : « Prenez la rue de…et c’est la troisième habitation qui vient après ». La rue de ? Il s’agit de cette haute personnalité, civile ou militaire, qui vit dans le quartier et qui en devient la référence. Même au téléphone, dans les bus comme dans les taxis, les gens n’hésitent plus à renseigner à partir des noms des personnalités. Fini ce temps où l’on disait simplement : « Me rejoindre au n°65 de la rue Oboli » (l’adresse n’est pas privée).

Désormais, les renseignements ou les indications se résument à ceci : « Je vis dans la rue du général Ntaloubi » ; « La veillée a lieu à 100 m de la maison du ministre untel » ; « C’est facile de retrouver, car il suffit d’arriver chez le DG de… ».

Qu’en pensent les concernés ? Ils semblent y prendre goût. Parce que le phénomène renvoie à une publicité qui fait d’eux des presque « rois des quartiers » avec tous les honneurs, privilèges, avantages et inconvénients qui s’entremêlent. Il n’est que d’évoquer l’obligation qu’ils ont, tacitement, d’aménager la rue ou le quartier en puisant dans leurs propres poches ou en jouant sur leur position pour faire venir un tracteur, de la terre jaune ou de la pierre si ce n’est de supporter la pose des pavés. Celle de sécuriser et d’assister les indigents ou les personnes en difficultés.

Vivant au milieu de la cité et de la population, ces personnalités sont vues comme des représentants locaux de l’État. Gare à celles (personnalités) qui voudraient se substituer au devoir citoyen de reverser la « dîme » aux autres ou pour le bien de la zone.

Pire ! Ces « dignitaires », comme on les appelle, font l’objet de chantage et de manipulations au point que, lassés et pressés comme des vaches à lait, certains décident d’aller voir ailleurs en changeant de lieu de résidence. Enfin, nombreux parmi eux sont affublés du titre de président d’honneur des mutuelles de quartiers comme il en est de mode chez nous, au Congo. Un jeu qui s’impose même à ceux qui le réfutent./-

 

 

Van Francis Ntaloubi

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