Couleurs de chez nous. Mécanicien ou fou ?

Jeudi 18 Avril 2019 - 21:08

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Le mécanicien du Congo a attiré tellement le regard au point de nous obliger de lui consacrer cette chronique aux allures de portrait. Sa tenue et son attitude sont autant d’éléments qui laissent interrogateurs tous ceux qui l’observent.

Rarement on le verra porter une tenue normale, la fameuse combinaison bleue qu’on leur reconnaît. Sauf quelques maîtres comme on les appelle ici, nombreux sont ceux qui se plongent dans un jean ou un pantalon de ce genre mais généralement déchiré. Cet aspect déjà est un défaut en soi. S’ajoute le fait que sa tenue est « crasseuse », car à force d’essuyer ses mains dessus, il finit par lui changer de couleur. Difficile de reconnaître la vraie couleur du tissu.

Si se glisser sous la voiture en réparation est une obligation professionnelle et témoigne de l’art de faire, il ne vient pas à l’esprit de nos mécaniciens du Congo d’y placer une natte ou une nappe pour se protéger de la saleté.  C’est sur le sol même qu’il se couche.

Il faut signaler à ce stade que nombre de garages de chez nous ne sont pas aménagés. Outre le fait d’être installés dans la rue, la surface demeure insupportable surtout après une pluie. Et que dire quand les eaux de pluies se mélangent aux divers liquides versés çà et là lors des vidanges ?

C’est ce même mécanicien, tel que décrit, qui fausse le savoir-vivre en osant monter dans le bus, le taxi ou tout autre moyen de transport sans s’inquiéter de déranger les autres passagers avec ses senteurs. C’est avec le même courage qu’il se rend au restaurant pour y prendre le repas à ses heures de pause avec la volonté cachée de nuire.

Les agissements ci-dessus décrits sont connus des Congolais qui, au fil du temps, s’en accommodent. N’empêche qu’ils étonnent d’autres individus qui, peu coutumiers du mode de vie dans ce pays, confondent les mécaniciens aux malades mentaux qui errent nos rues et avenues.

Loin de stigmatiser ces personnes qui se salissent pour nous sortir du pétrin dans lequel nous plongent nos véhicules, il s’agit de les interpeller sur le respect qu’ils se doivent vis-à-vis d’eux-mêmes. Le regard d’autrui sur un métier est généralement orienté par ceux-là même qui l’exercent. L’éthique n’est pas seulement une exigence faite à ceux qui sont dans les administrations.

On comprend que le mécanicien pousse loin dans l’inconfort. Est-il le seul ? Bien de personnes aiment se faire prier pour des choses qui leur sont des évidences. A qui la faute ? Aux pouvoirs publics dont la mission consiste à réguler la vie, à réglementer les pratiques et à orienter la collectivité.

Faut-il les inciter à la propreté en leur citant des pays où le mécanicien a fière allure à l’instar d’un médecin ou pilote de guerre ? Comme eux, les conducteurs de taxis et bus brillent désormais par un laisser-aller vestimentaire qui nous rappelle les différentes mesures prises et abandonnées pour leur exiger un uniforme décent et correct. C’était, il y a quelques années, à Pointe-Noire où les autorités municipales avaient eu cette bonne initiative. Hélas !

Van Francis Ntaloubi

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