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Coup sur coup !

Lundi 8 Juin 2020 - 18:30

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L'un est ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, l'autre est président du Conseil supérieur de la liberté de communication, l'organe de régulation des médias. A ces titres, tous les deux ont un œil sur l'activité des entreprises de presse. Avec une nuance de taille : le ministre gère exclusivement les médias publics (radio et télévision) dont il contrôle la ligne éditoriale et nomme à certaines fonctions.

Le responsable de l'organe de régulation joue sur un périmètre plus large, sa mission concerne les médias publics et privés. A leurs dépens ceux pris en défaut de conformité à la déontologie écopent de sanctions prononcées par le régulateur. Elles peuvent aller du simple avertissement à une lourde suspension. Tel est le cas actuellement du journal privé "Le nouveau regard" suspendu trois mois pour diffamation. Il semble, d'après le rapport rendu par le Conseil suite à l'audition du responsable du journal incriminé, que ce dernier a globalement reconnu les faits.

Le débat que nous posons présentement dépasse le cadre de la régulation, ou du moins il est cela et autre chose. Les deux hommes d'Etat nommés plus haut, pour ne pas citer le ministre Moungalla et le président Mvouo sont en froid depuis plusieurs semaines. Pourquoi ? Le 25 mai, puis le 4 juin, l'un et l'autre en ont livré quelques fragments sur la place publique, chacun avec ses mots. Le ministre a reproché l'absence d'impartialité de l'organe de régulation des médias. Son contradicteur a pointé l’ingérence du ministre. On avait cru comprendre que la réponse du berger à la bergère mettrait fin à la polémique. Erreur.

Telles des rivières en crue, les deux hommes des médias, si on ose dire, ont, depuis, investi les réseaux sociaux semant des ravages. Si on ne les imagine pas à la manœuvre eux-mêmes, on pense que leurs partisans lancés sur le champ de bataille ont bien fini par déployer la grande artillerie sans nuance et tirent sur tout ce qui bouge. Dans cette ambiance de lynchage réciproque, les deux camps, car il faut les appeler ainsi, s’expriment durement, fidèles aux tempéraments de ceux dont ils défendent les positions sachant que le verbe calibré ils l'affectionnent tous les deux.

Questions :  en sortant ainsi du cadre approprié des échanges au sein des institutions de la République, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, et le président du Conseil supérieur de la liberté de communication, deux hommes que l’on avait toujours vus diriger côte-à-côte séminaires et colloques dédiés à la presse, rendent-ils à ces institutions le prestige nécessaire à la construction de leur légitimité ? Essayent-ils de répéter aux Congolais qui les regardent s'écharper ainsi que c'est cela le Congo : un pays où du haut de leurs nobles fonctions les dirigeants ne se soucient guère de la moindre violence morale, éthique et politique que leurs propos, leurs faits et gestes peuvent infliger à la conscience de leurs compatriotes ?

A ceux qui expriment quelques doutes sur la teneur de ce propos de se connecter aux réseaux sociaux connus pour voir que ce qui est écrit ici ne relève nullement du délit de diffamation.
 

Les Dépêches de Brazzaville

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