Covid-19 : le port obligatoire du masque stimule l’inventivité kinoise

Mercredi 22 Avril 2020 - 10:00

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Les Kinois font preuve d’une particulière créativité pour ne pas enfreindre la mesure du gouverneur Gentiny Ngobila imposée désormais à tous les habitants de la capitale de la RDC dans les lieux publics à partir du mercredi 21 avril et assortie d’une amende de 5 000FC pour celui qui oserait la braver.

Le masque artisanal de Bukavu qui fait rêver les KinoisCe matin, la vidéo d’un jeune Kinois arborant un dessous féminin en dentelle blanche sur la tête en guise de masque a beaucoup amusé sur la toile. Insolite, l’image ajoutée aux propos du « masqué » ont fini par le rendre « sympathique » et susciter de nombreux commentaires plus loufoques les uns que les autres. En effet, le jeune homme s’est défendu de s’être contenté d’acheter un « masque » à la portée de son portefeuille. « Tellement bapesaki nga mbongo ya kosomba masque te, nazwi ya moins cher ! (Nul ne m’a donné l’argent nécessaire à l’achat d’un masque, je me suis procuré le moins cher qui soit) », soutient-il. L’essentiel étant de se conformer aux ordres du gouverneur de la ville quitte à « cacher nez et bouche », dit-il. « Natosi vieux na nga Gentiny (J’ai obéi à mon vieux Gentiny) », l’entend-on dire.

Le plus comique de l’histoire est de l’entendre affirmer qu’avant d’entrer en fonction, le premier citoyen de Kinshasa aurait dû s’enquérir auprès de son prédécesseur Kimbuta de la mentalité du Kinois. Et de conclure : « Ainsi, nous nous mettons en devoir de lui montrer la panoplie de masques qui puisse exister ! ». Propos qui laissent sous-entendre que, tout comme ses concitoyens le feraient, il prend au pied de la lettre le mot d’ordre du gouverneur qui accorde le port même du masque de fabrication artisanale, laissant donc le loisir au Kinois de faire à sa guise. Par ailleurs, à la demande de son interlocuteur, le jeune homme, qui pourrait bien faire l’affaire dans un casting de comédie, montre deux autres masques qu’il sort de sa poche : un autre dessous féminin et tout de même un masque en pagne. Ce faisant, il explique sa ferme volonté de se conformer aux conseils sanitaires qui conseillent le changement de masque à la fréquence régulière de trois heures. Un vrai perfectionniste !

Le masque qui fait rêver !

Le buzz du week-end, par contre, a porté sur une série de véritables masques artisanaux faits à base d’écorces de bananier. Leur originalité : des motifs en damier de trois nuances de brun, caramel, acajou et chocolat, a séduit les fashionistas sur la toile. Bien que les lanières et les bords soient tressés avec des lianes plus rigides, nombreux ont convenu qu’ils le mettraient bien par dessus un masque un tissu très à la mode en ce moment. Quitte à être « stylé », ont soutenu plusieurs dames, tout en veillant ainsi à ne pas se faire mal.La vente des masques artisanaux dans la rue à Bukavu

Seul petit couac, impossible de se procurer ces masques artisanaux qui font « rêver ». Et pour cause, ils sont fabriqués à Bukavu. Pourtant, l’on a vu plusieurs internautes kinois s’y intéresser jusqu’à s’interroger sur le prix de ce produit exotique après avoir reconnu qu’il était beau et à leur goût mais sans que personne ne sache vraiment y répondre.

Le Courrier de Kinshasa tient de Cyprien Banyanga, un ancien journaliste résident à Bukavu qu’ « ils ne coûtent pas grand-chose ». Ainsi, alors que les photos qui les ont fait découvrir circulent sur les réseaux sociaux, nul n’est en mesure de se les procurer en ce moment.

Dommage pour les Kinois qui pensaient pouvoir s’en procurer à N’Sele ou encore à N’Djili où l’on a coutume de proposer divers articles, chapeaux, paniers, éventails, babouches en raphia ou en osier, c’est selon. Il faut dire qu’avec les mesures restrictives qui accompagnent le contexte de l’état d’urgence sanitaire cela ne facilite pas les choses ! En temps ordinaire, il aurait été facile d’en faire une commande et espérer recevoir son colis en quelques heures. Le temps d’un aller-retour d’un vol régulier de Kinshasa vers Bukavu via Goma. Vu l’engouement suscité par l’article, ce serait-là une belle affaire en perspective que la proposition de cette marchandise dans la période où Kinshasa est l’épicentre de Covid-19 en RDC avec plus de 95% des malades enregistrés.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le masque artisanal de Bukavu qui fait rêver les Kinois Photo 2 : La vente des masques artisanaux dans la rue à Bukavu

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