Covid-19 : les artisans à l’agonie depuis le début de la pandémie

Jeudi 16 Juillet 2020 - 17:30

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La pandémie de coronavirus a assombri les espoirs et plongé dans le chaos plusieurs secteurs d’activités parmi lesquels celui de l’artisanat. Un désespoir qui s'empire surtout en cette période de vacances, jadis celle de la hausse des déplacements touristiques et d’événements culturels. Rencontre avec Achille Massengo, un artisan brazzavillois.

Artisan dans le domaine de la cordonnerie et la maroquinerie, Achille Massengo exerce son métier depuis douze ans à Brazzaville. Dans son local situé dans le quatrième arrondissement Moungali, ses articles exposés attirent le regard des passants. Son arrivée dans le secteur relève purement de la passion pour la mode, le pagne et le design africain. Autodidacte, il s’est perfectionné sur le tas. De temps en temps, il partage son expérience avec un nombre limité de jeunes désireux d’apprendre le métier.

« Je suis confronté à un problème d’espace car le local est restreint. Cela fait que je ne reçoive pas des apprenants en grande quantité », explique-t-il.

Parmi les articles qu’il habille en pagne, il y a : des sacs à mains et à dos, éventails, parasoleils, chaussures, chapeaux, boucles d’oreilles, bracelets, agendas… Les prix de ces accessoires sont variables et abordables pour toutes les bourses. Contrairement à d’autres artisans, Achille Massengo fabrique les sacs qu’il habille par la suite en pagne. A en croire ses propos, cette particularité attire de nombreux touristes. Une démarcation qui ne l’empêche pas de satisfaire certaines demandes, notamment l’habillage simple.

Si avant la pandémie de coronavirus, le secteur était plébiscité, aujourd’hui, seule la créativité aide à ne pas se noyer. « Les temps sont durs. La fermeture des frontières impacte fortement notre secteur d’activité car nous recevons beaucoup de commandes de l’extérieur et les touristes étrangers ne manquaient pas de se procurer nos articles. On essaie de s’adapter et de tenir bon face à la crise sanitaire due à la Covid-19 », confie Achille Massengo.

Il a créé des casquettes combinées aux bavettes qui se font régulièrement achetées. Selon lui, le port obligatoire du masque permet aux artisans et couturiers de combler leurs faibles revenus durant cette période de crise sanitaire. Cela d’autant plus que les foires et expositions organisées le plus souvent au niveau national par l’Agence nationale de l’artisanat, les ministères du Commerce et du Tourisme, n’auront peut-être pas lieu d’ici à la fin de cette année.

En parallèle, Achille Massengo déplore le fait que le secteur n’est pas assez valorisé par la population locale. « Il n’y a pas de sots métiers, c’est vrai mais nous ne sommes pas soutenus. On entend souvent dire que les Congolais sont paresseux mais lorsqu’ils se débrouillent et se démarquent ils ne reçoivent pas tout le soutien qu’ils attendent de leur communauté. Or, c’est en consommant ce que nous produisons que le secteur et les artistes iront de l’avant », a-t-il souligné.  

Encore ancré dans le traditionalisme, Achille Massengo n’use pas des réseaux sociaux pour vulgariser ses œuvres. Pour lui, être partagé entre la machine à coudre et le téléphone n’est pas évident. Il pense certainement à nouer une collaboration dans ce sens.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Achille Massengo dans son atelier/Adiac, 2- Quelques articles fabriqués par l’artisan congolais/Adiac.

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