Covid-Organics. Alexis Elira Dokékias : « le produit malgache n’est pas toxique »

Mercredi 27 Mai 2020 - 15:45

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Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, le professeur Alexis Elira Dokékias, président de la Commission prise en charge au sein du Comité de riposte au coronavirus (Covid-19) annonce la publication, le 28 mai du rapport d’analyses toxicologiques faites par le laboratoire de l’Institut de recherche en science de la santé du Congo.

Les Dépêches de Brazzaville : le Congo a reçu un lot de Covid-organics, la décoction malgache censée guérir le coronavirus. A quand la distribution du produit aux malades ?

Alexis Elira Dokékias : la première étape ne consiste pas en la distribution du produit à la population, mais plutôt à faire des analyses chimiques et toxicologiques, pour vérifier si le produit a la toxicité sur les rats à titre expérimental. Les conclusions d’analyses toxicologiques faites par le laboratoire de l’institut de recherche en sciences de la santé du Congo seront disponibles le 28 mai. La composition chimique est connue, et les analyses toxicologiques montrent que le produit n’est pas toxique.

Cependant, le produit contient une quantité de sucre non négligeable. De ce fait, nous devons tenir compte de ce qui est rapporté pour que le produit soit administré à la population. Il y a près de quatre semaines, nous avons reçu, en terme préventif, deux cents doses, qui ont été calculées sur la base de la situation épidémiologique du Congo, trois cents doses curatives. Avant de lancer les essais, nous avons pris un minimum de précautions.

L.D.B : Que faut-t-il faire avant d’utiliser le produit ?

A.E.D : D’abord, il a fallu obtenir l’avis du comité d’éthique pour savoir si ce que nous faisons est en conformité avec les directives de l’OMS en matière d’expérimentation, puis celui du comité des experts. Tous les essais ont été faits, et les protocoles rédigés.

Le premier essai, à titre préventif, concernera les sujets exposés, c’est-à-dire, les infirmiers, les médecins, la presse. En un mot, tous ceux qui sont exposés au risque d’être contaminés. Toute personne en bonne santé doit prouver que son test de la Covid-19 est négatif au départ. Le deuxième essai c’est à titre curatif.

Dans les deux essais, les patients doivent être âgés de plus de dix-huit ans, puisqu’ils doivent au préalable signer leur consentement éclairé. D’ici la semaine prochaine nous débuterons l’essai. Il y a un bilan minimal à faire avant d’inclure tout patient. Plusieurs examens sont nécessaires avant la consommation du produit.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a jamais fait d’études sur ce produit. C’est à nous de confirmer l’efficacité du produit, et l’OMS attend nos conclusions. Elle devrait coordonner les études pilotes. Dans la période actuelle, il est important d’être humble puisqu’il n y a pas encore de protocole consensuel. Pendant que les essais se font, il faut être prudent, parce que dans cette maladie, les mesures les plus efficaces pour l’instant se résument en prévention et sur le plan curatif, il n’y a pas de consensus.

L.D.B : Quel produit administrez-vous aux malades atteints de coronavirus ?

A.E.D : Nous administrons aux malades des traitements très efficaces. Dans le protocole mis en place, nous enregistrons rarement les échecs. Lorsqu’on reprend le traitement cinq ou dix jours après, la virémie a disparu. Nous avons plus de 95% de réussite. Nous avons en assemblage des produits pharmaceutiques, y compris la fameuse chloroquine, et un antibiotique. Tout ceci, associé à un médicament qui fait ses preuves dans les propriétés antivirales. Voilà la trithérapie administrée aux patients, qui parfois, entraîne des petits effets secondaires comme un petit inconfort gastrique. De façon observationnelle, nous n’avons aucun décès dû à ce traitement. Mais, nous devons rester vigilants, en mettant tous les moyens nécessaires pour assurer la surveillance des patients.

L.D.B : Votre point de vue sur l'usage de la chloroquine dans la lutte contre la Covid-19 comme le professeur Didier Raoult ?

A.E.D : Je n’ai pas encore pris connaissance des travaux du professeur Didier Raoult. En pratique, j’utilise, en tant que hématologue, l’hydroxychloroquine depuis plus de 25 ans, pour moduler la réponse immunitaire en vue de combattre le Covid-19. Ses vertus sont certainement réelles. Mais, sur le plan expérimental, au Congo, nous n’avons pas choisi l’hydroxychloroquine seule. Nous l’associons à un antiviral, car, en dehors de la réponse humanitaire, il faut un médicament qui agit contre les différentes phases de l’évolution du virus. Par conséquent, je ne peux pas critiquer un confrère scientifique. Il a ses moyens et sa méthodologie. Nous avons mis en place un protocole avec méthodologie et des moyens qui sont adaptés à nos capacités.

L.D.B : Votre message à la population congolaise ?

Il faut se faire dépister, surtout, après avoir été en contact avec une personne diagnostiquée positive, afin de commencer le traitement tôt. En plus, il faut observer les mesures de prévention pour éviter de contacter la maladie, en appliquant les mesures barrières, (la distanciation sociale, le lavage des mains…). Ce sont les seules mesures qui garantissent la prévention. Je reproche aux Congolais l’automédication, parce que c’est très dangereux. Elle peut entraîner des morts subites.

Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Professeur Alexis Elira Dokékias/Photo Adiac

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