Création d’une commission anti-gaspillage au Vatican

Vendredi 19 Juillet 2013 - 19:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Le mouvement s’accentue : le pape est décidé à débarrasser l’Église catholique des avatars et méthodes désuètes de gestion

Plus que jamais le pape confirme sa ferme volonté de réformes. Un mois après avoir institué une commission de cardinaux pour réfléchir sur les secteurs, la cadence et le calendrier des changements nécessaires au sommet de la hiérarchie, et une semaine après avoir signé un décret reformulant le système judiciaire du Vatican, il a décidé, le 19 juillet, de mettre en place une nouvelle structure chargée de mettre le holà à la gabegie et aux gaspillages. Tout cela alors que les enquêtes décidées pour faire place nette dans la gestion de la banque du Vatican, l’IOR, se poursuivent à une cadence que ne décident plus les hauts prélats, mais la double justice italienne et vaticane.

La commission créée vendredi, dite Commission pontificale de référence sur l’organisation de la structure administrative du Saint-Siège, entend s’inscrire dans la vaste réforme entreprise par le pape à la Curie romaine. Elle commencera ses travaux début août et ne rendra compte de ses propositions qu’au pape François en personne. C’est dire si le pape argentin ne veut rien négliger, et surtout sous-estimer des torpillages éventuels. Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a d’ailleurs confirmé que cette commission aura « un mandat ample », même si elle n’est pas destinée à se substituer aux dicastères compétents, les ministères du Vatican.

Mais elle se signale par une composition assez atypique puisque ses huit membres sont des femmes et des hommes non prêtres, et qu’elle ne compte qu’un seul ecclésiastique d’ailleurs en charge de questions financières au Vatican : Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, secrétaire de la Préfecture des affaires économiques. Elle collaborera avec l’autre commission composée de huit cardinaux des cinq continents dont, au compte de l’Afrique, le cardinal Laurent Monsengwo de Kinshasa, en RDC. Ce groupe consultatif a été formé en mai pour conseiller le pape.

La secrétairerie d’État, la primature du Vatican, a indiqué dans un communiqué que l’heure était désormais à la gestion rigoureuse des ressources de l’Église. Il s’agit « d'éviter le gaspillage des ressources économiques, favoriser la transparence dans les processus d'acquisition de biens et de services, perfectionner l'administration du patrimoine mobilier et immobilier ». Le 12 juillet dernier, le pape a rendu une visite impromptue au garage du Vatican. Quelques heures après, à des séminaristes, il rappelait qu’un prêtre ou une religieuse roulant en voiture de luxe devrait avoir honte devant la misère du monde. Lui qui a imposé la bicyclette à son secrétaire particulier continue de se déplacer dans une Ford banale, qui ne se distingue en rien des voitures des autres ecclésiastiques du Vatican.

Après avoir pris la mesure de la situation, le pape argentin semble désormais plus sûr de ce qu’il faut changer dans l’administration de l’Église et dans la perception qu’on peut en avoir. Il entend ramener les princes de l’Église aux réalités de douleur et de dénuement des fidèles.

Lucien Mpama