Crimes contre les journalistes : Reporters sans frontières lance la campagne « FigthImpunity »

Lundi 3 Novembre 2014 - 19:15

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L’objectif de cette campagne lancée à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, célébrée le 2 novembre, est de faire pression sur les autorités de chaque pays, afin qu’elles traduisent en justice les responsables de ces crimes.

FightImpunity est une campagne de lutte « contre l’oubli » en réaction aux manquements des systèmes judiciaires et policiers qui font que les crimes commis contre les journalistes ne sont pour la plus part pas élucidés ou n’ont pas donné lieu à une condamnation en justice de leurs exécutants ou commanditaires.

Selon l’Unesco, plus de 700 journalistes ont été tués au cours de cette dernière décennie pour la simple raison qu’ils informaient le public. Rien qu’en 2012, 123 journalistes, professionnels des médias et producteurs de médias sociaux d’intérêt public ont été assassinés. En 2013, ce chiffre a légèrement diminué, passant à 91, ce qui a tout de même représenté la deuxième année la plus meurtrière pour les journalistes. Et depuis le 1er janvier 2014, 56 journalistes ont perdu la vie.  Ces chiffres n’incluent pas les nombreux autres journalistes qui, quotidiennement, subissent des agressions non mortelles, y compris la torture, la disparition forcée, la détention arbitraire, l’intimidation et le harcèlement, que ce soit en situation de conflit ou non. En outre, il existe, pour les femmes journalistes, des risques spécifiques, notamment les agressions sexuelles.

Sur dix crimes commis contre des professionnels des médias pendant la décennie écoulée, seul un a abouti à une condamnation, souligne l’Unesco dans le rapport de sa directrice générale sur la sécurité des journalistes et le danger de l’impunité. Cette impunité non seulement enhardit les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. « L’impunité favorise l’impunité et alimente un cercle vicieux », note Irina Bokova dans cette analyse rendue publique à la faveur de la célébration de la première Journée internationale de fin de l'impunité pour les crimes comis contre les journalistes.

Dans une déclaration rendue publique la semaine dernière, Reporters sans frontières regrette l’absence de procédures permettant d’élucider les violations pratiquées contre les journalistes. « Il est essentiel de ne jamais laisser tomber les journalistes victimes de crimes, y compris à titre posthume (…). Un tel niveau d’impunité constitue une sorte d’encouragement pour les auteurs d’exactions », a fait observer Christophe Deloire secrétaire général de l’organisation.

Les agressions de journalistes, lorsqu’elles restent impunies, envoient aux gens ordinaires un message très négatif selon lequel s’ils diffusent une  vérité embarrassante ou des opinions indésirables, ils s’attireront des problèmes. En outre, la société perd confiance dans son propre système judiciaire, censé défendre les droits de chacun. Les auteurs de crimes contre des journalistes s’enhardissent donc lorsqu’ils se rendent compte qu’ils peuvent agresser leurs cibles sans jamais être traduits en justice.

Devant cette situation, la société tout entière pâtit de l’impunité qui règne dans certains pays. Or, les informations qui sont souvent passées sous silence sont exactement celles que le public a besoin de connaître. L’information, qu’elle soit économique, sociale ou politique, est essentielle pour prendre des décisions optimales. Cet accès à une information fiable et de qualité est la pierre angulaire de la démocratie, de la bonne gouvernance et d’institutions efficaces.

Rappelons que le 18 décembre 2013, l’Assemblée générale de l’Onu avait créé la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes. Et le 2 novembre, jour anniversaire de l’assassinat de Claude Verlon et Ghislaine Dupont, deux reporters de Radio France internationale (RFI), à Kidal au Mali, avait été choisie.

 

Nestor N'Gampoula