Crise centrafricaine : la remise en cause des acteurs sollicitée lors du Forum de Brazzaville

Lundi 21 Juillet 2014 - 19:00

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Des représentants de la communauté internationale (ONU et CEEAC), le médiateur de la crise centrafricaine, Denis Sassou N’Guesso, ainsi que la présidente de transition en République centrafricaine, Catherine Samba Panza, ont invité, ce lundi 21 juillet à Brazzaville, à l’ouverture du Forum inter centrafricain, les filles et fils de ce pays à faire taire les armes et profiter de ces assises pour créer les conditions d’une vraie réconciliation, gage d’un dialogue politique

 Avec plus de 160 participants issus de toutes les sensibilités centrafricaines, le Forum de Brazzaville auquel prennent part des représentants des anti-Balaka et des ex-Séléka, se veut, pour la communauté internationale, une opportunité offerte au peuple centrafricain de dialoguer sans a priori pour jeter les bases d’un retour définitif de la paix dans ce pays. « Tous les regards sont tournés vers Brazzaville. L’heure n’est plus aux règlements de compte ni aux calculs », a lancé le représentant du président de la commission de l’Union africaine.

En effet, première phase d’un processus de réconciliation initié par les chefs d’État de la sous-région d’Afrique centrale en marge du sommet de l’Union africaine tenu le 17 juillet à Malabo (Guinée Équatoriale), les assisses de Brazzaville permettront aux protagonistes de la crise centrafricaine d’exposer leurs préoccupations à la médiation internationale pour une sortie de crise définitive.

Des bases pour un retour à la paix et la réconciliation

Bien que difficile de définir l’issue des assises de Brazzaville, dont un accord est attendu mercredi, le plaidoyer fait par les différents intervenants à l’ouverture de ce forum ont interpellé les acteurs de la crise centrafricaine sur leur responsabilité pour parvenir à un dialogue politique qui puisse mettre fin aux hostilités. « Le déplacement des délégués à Brazzaville est un jalon vers la recherche de solutions », a précisé le représentant de la Munisca, Babacar Gaye.

Interpellant pour sa part la conscience des uns et des autres, la présidente de transition Catherine Samba Panza, a déclaré que le moment était venu d’arrêter les hostilités, les destructions et l’enrôlement des enfants mineurs dans les rébellions. «Aujourd'hui si la paix et la sécurité tardent à être restaurées en RCA (...) c'est à cause des crimes, des violences et des violations des droits de l'homme que continuent de perpétuer les groupes armés. Il est temps de déposer les armes », a-t-elle précisé, et d’ajouter : « La concertation de Brazzaville donne une chance à la RCA de se reconstruire durablement sur de nouvelles bases ; aux Centrafricains de désarmer leurs corps de la haine et de la vengeance. »

Tirer les leçons de toutes les expériences

Face à l’abîme atteint par la Centrafrique et le défi actuel de faire taire les armes, la nécessité de construire un pays uni constitue un idéal pour la communauté internationale déterminée à poursuivre son engagement à accompagner la Centrafrique dans la voie du renouveau. « Le moment est venu de tirer les leçons de toutes les expériences passées. La décision vous revient et de plus en plus, nous ne cessons de mettre l’accent sur la nécessité pour vous de vous approprier le processus de retour à la paix, à la sécurité, à l’unité et à la réconciliation nationale », a indiqué le président congolais Denis Sassou N’Guesso, qui a ouvert le forum en sa qualité de médiateur.

 Première étape d’une série de rencontres prévues en terre centrafricaine, le forum de Brazzaville, dont la tenue a suscité quelques réticences chez certains, permet aux acteurs de la transition de poser des actes politiques majeurs pour désarmer les cœurs endurcis par la haine et la violence. « À Brazzaville, nous allons nous entendre entre nous pour jeter les bases d’un dialogue inclusif. Je suis ravi d’être là parce que l’objectif est de ramener la paix, la cohésion et la quiétude au peuple centrafricain », a souligné le coordonnateur des anti-Balakas, Patrice Edouard Ngaïssona, qui s’est dit confiant quant à l’aboutissement des assises de Brazzaville.

Selon lui, les anti-Balakas sont prêts à abandonner les armes, pourvu que la situation de mercenariat soit clairement débattue à Brazzaville en vue d’un retour définitif de la paix en RCA.

Par ailleurs, tout en affichant son optimisme à l’issue de ce forum, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, pense que des engagements seront pris à Brazzaville. « J’en appelle à tous ceux qui auront à apposer leurs signatures, d’être responsables parce qu’il y a un peuple meurtri qui aspire au changement. Si on peut libérer ce peuple, il serait vainqueur », a-t-il souligné, précisant que c’est le peuple centrafricain qui est honoré à travers ce forum.

 

 

 

 

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Le président Sassou N'Guesso ouvrant les travaux du forum de Brazzaville sur la Centrafrique. photo 2 : Les chefs d'État congolais et centrafricain entourés des représentants de la communauté internationale. photo 3 : Les participants et délégations présents au Forum de Brazzaville.