Crise centrafricaine : les ex-Séléka boycottent les principaux ateliers du Forum de Brazzaville

Mardi 22 Juillet 2014 - 19:30

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Ouverts hier sur une lueur d’espoir de voir les acteurs de la crise centrafricaine parvenir, dans un terrain neutre, à surseoir leur positions tranchées et dialoguer un début de solution vers la réconciliation, le Forum de Brazzaville a vu un grain de sable s’introduire dans la machine de la médiation avec l’absence des ex-Séléka dans les deux principaux ateliers de négociations, à savoir celui sur la cessation des hostilités et celui sur le désarmement des groupes armés

 L’absence des représentants de l'ex-rébellion Séléka qui ne se sont pas présentés à la reprise des travaux du "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique"  a rendue difficile la poursuite des travaux ce mardi où seule la composante sur l’engagement politique a pu se réunir.

Selon toutes vraisemblances, la question de la légitimité des représentants des groupes armés, notamment la Séléka dont la branche dissidente n’a pu envoyer aucun représentant à Brazzaville.

Interrogé par la presse pour savoir les réelles motivations du black-out des ex-séléka dans les deux groupes de concertation, la médiation internationale de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) a indiqué que la délégation de la Séléka qui n’avait pas quitté leur hôtel étudiait le projet projet de l'accord final du Forum dont copie leur serait transmise.

Par ailleurs, si certains participants aux assises de Brazzaville ont interprété l’attitude des représentants de cette branche armée par son intention de réclamer la partition de la Centrafrique, d’autres encore ont estimé que cela constituait une manière de monter les enchères pour vouloir faire passer leur point de vu.

En effet, partie prenante au Forum de Brazzaville, le délégué du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) Me Guy-Hervé Gbangolo dont le mouvement opère dans l’Ouest du pays, près du Cameroun, avec environ 300 combattants a affiché son optimisme sur les résultats de ce forum.

La Séléka, un grain de sable dans la machine de la médiation internationale

« Même s’il y a des réfroissements dans les interventions des uns et des autres, nous comptons sur le médiateur et la communauté internationale. Nous sommes prêts à déposer les armes parce que le peuple centrafricain a tant souffert. La violence ne résout pas les problèmes », a-t-il déclaré tout en demandant le soutien de la présidente de transition.

Loin des propos tenus par le délégué du FDPC, le président du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), un mouvement politico-armé, Abakar Sabone, a estimé que la position des ex-Séléka était à regarder de très près. « Je crois que ces responsables ne le font pas à leur niveau, c’est la situation du terrain qui le commande. Ils représentent les communautés musulmanes qui se sont repliées au nord et le pouvoir n’a pas accès à cette zone », a-t-il déclaré.

Outre les avis très divergents sur le dénouement du Forum dont un accord de cessation des hostilités est attendu, les habitués des négociations gardent tout de même espoir. C’est le cas du chef de la Misca, le général Jean Marie Michel Mokoko, qui pense que seul l’avenir des travaux dira si la volonté de partition du pays est une volonté réelle. « Dans tous les cas, à ce niveau des discussions, cet aspect ne nous intéresse pas tellement. C’est lorsque l’on abordera la deuxième phase à Bangui que les Centrafricains décideront de la gestion de leur pays et de quelle forme d’État ils souhaiteraient avoir », a-t-il souligné.

Pour sa part, jugeant très court le temps de la réunion de Brazzaville, Thierry Vircoulon de International Crisis Group, qui s’est dit ne pas être surpris par le boycott de l’ex-Séléka, a précisé que tout le monde allait signer un accord mercredi. « Si ce n’est pas le cas, ça serait donc un véritable échec. L’ex-Séléka donne l’impression que c’est elle qui veut tout bloquer. Le désarmement et l’engagement politique dépendent de la cessation des hostilités », note-t-il.

 

 

 

 

 

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : les sièges vides des Séléka avant l'ouverture du Forum, un signe avant-coureur de sa position. photo 2 : Les anti-balaka ont affiché une présence massive à Brazzaville. photo guy-gervais ((ADIAC).