Croissance africaine : le chant du cygne

Jeudi 16 Avril 2015 - 19:49

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Classée par le Fonds monétaire international (FMI) comme l’une des régions les plus dynamiques au monde, l’Afrique sera affectée par plusieurs évènements majeurs au cours de cette année qui s’annonce très difficile. 

Dans son tout dernier rapport, le FMI a annoncé l’abaissement de ses prévisions de croissance pour l’Afrique. Le PIB africain ne devrait progresser que de 4,5% en 2015 et de 5,1% en 2016, alors que les dernières prévisions prévoyaient une croissance plus forte de l’ordre de 4,9% en 2015 et 5,2% en 2016. Pour autant, le continent africain continuera à tirer la croissance mondiale car il restera, à en croire l’institution de Bretton Woods, l’une des régions les plus dynamiques au monde.

Toutefois, les nouvelles ne sont pas bonnes. En effet, le FMI a affirmé craindre la chute des cours des matières premières. Il craint surtout un accès de fièvre causé par un nouvel affaiblissement de la croissance en Europe ou dans les pays émergents, en particulier la Chine.  Pour le FMI, une déprime plus marquée des cours des matières premières aura certainement des effets néfastes sur les producteurs pétroliers. Certes les pays importateurs bénéficieront d’une facture pétrolière plus légère, a-t-il lancé, mais « le gain attendu sera dans une large mesure annulée par la baisse des cours des matières premières ».

Pour le FMI, les risques identifiés ne sont pas à prendre à la légère car ils conduiront inévitablement à un ralentissement très marqué. Il en existe d’autres, notamment celui lié à l’environnement monétaire américain avec la crainte de complication d’accès au financement pour les pays subsahariens. Il y a également un risque politique, avec l’entrée de beaucoup de pays africains dans une période électorale ou la montée du terrorisme et des attentats. L’on se rappelle des pays particulièrement affectés, en l’occurrence le Nigéria et le Kenya. Au-delà, il y a le cas des pays ouest-africains frappés par le virus Ébola. Ils enregistreront une forte baisse de leur croissance en raison de l’interruption de l’activité agricole et des services ainsi que du report des projets de développement minier.      

Face à ces évènements majeurs, le FMI a recommandé une adaptation. En effet, les pays africains doivent déjà se faire à cette nouvelle donne.  La croissance sera plus faible que prévu. Pour les pays exportateurs de pétrole, la chute sera parfois vertigineuse. Le Nigéria devrait enregistrer une croissance de 4,8% en 2015 alors qu’il avait dépassé les 6% en 2014. Mais l’année prochaine, en 2016, l’on projette une croissance de 5% pour le géant ouest-africain. Même l’Afrique du Sud devrait connaître une baisse de sa croissance qui se situera à 2% au lieu de 2,1%. Pour le Kenya, l’on s’attend paradoxalement à une accélération de la croissance qui se situerait à près de 7% en 2015 et 7,2% en 2016, contre 5,4% en 2014. Il n’empêche que le climat politique kenyan est alourdi par les évènements politiques majeurs.  

 

      

 

Laurent Essolomwa