Croissance : "l’Afrique est à la veille de ses trente glorieuses", selon l’économiste français Nicolas Baverez

Jeudi 4 Décembre 2014 - 10:30

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L’économiste français Nicolas Baverez a déclaré dans un entretien accordé le 2 décembre à l’hebdomadaire économique Challenges que l’Afrique est à « la veille de ses trente glorieuses. Il a invité la France « à saisir l’opportunité historique » qu’offre le continent.

« Aujourd’hui, il y a une formidable demande dans ce continent mais si on ne fait pas l’effort d’aller vers lui pour investir, d’autres iront à notre place », a prévenu l'économiste. Les trente glorieuses rappellent la période de forte croissance qu’a connue la grande majorité des pays développés entre 1945-1973. Nicolas Baverez a pris part, les 1 et 2 décembre, au premier forum économique de la Francophonie. Il a appelé la France à rattraper son retard en Afrique par rapport aux autres puissances économiques.  «Le premier partenaire de l'Afrique c'est la Chine et le Brésil est également extrêmement présent. C'est aux Français de prendre leurs responsabilités, d'admettre qu'ils sont en concurrence. Il faut aussi arrêter de penser que l'Afrique est perdue pour la démocratie et le développement. Depuis 2000, l'Afrique connaît des conflits mais le nombre de guerres diminue de manière spectaculaire. Les démocraties augmentent, la croissance est là : les gains de productivité sont de 3,7% et la croissance de la population de 2,5%. La mécanique du développement est en route», a-t-il noté.

Avant d’ajouter : « Nous devons donc retourner complètement nos visions sur l'Afrique et la considérer non pas comme une espèce de sous-continent quémandant de l'aide au développement mais comme une grande source de croissance au XXIe siècle qui peut aider l'Europe à retrouver du souffle et de la vigueur ». Selon Nicolas Baverez, la France est en croissance zéro alors que l’Afrique, elle, est en croissance de 5,5% par an depuis 2000, soulignant que le continent peut atteindre une croissance autour de 7% et un niveau qui correspond à celui de l'Asie s’il réussit à augmenter les investissements dans les infrastructures.

«Il ne fait pas de doute que, pour une Europe qui est vieillissante, en quasi déflation, en croissance zéro, l'Afrique est une opportunité. D'autant plus que pour plein de raisons culturelles, la France est proche de l'Afrique. Mais il faut bien comprendre que ce continent ne va pas attendre la France», a-t-il martelé. Il a par ailleurs indique que Paris va à contre-courant de « l’appétit croissant des puissances économiques mondiales et des pays émergents pour l’Afrique ».

«Regardez le mouvement des banques françaises. Elles se sont totalement désengagées de tout le continent. Il y a une régression intellectuelle dans notre pays, économique, politique. Le mouvement de repli sur l'Hexagone [ la France] avec cette espèce de pseudo patriotisme économique, qui n'est rien d'autre que le fait de se regarder le nombril, est terrible. Depuis 2000, on a perdu la moitié de nos parts de marché en Afrique. D'accord, la Chine a émergé mais le repli français est totalement à rebours du mouvement historique. Notre pays, à force de refuser la mondialisation, la grande Europe, refuse les opportunités. Et l'Afrique est une opportunité. Une opportunité historique», a-t-il prévenu.

 

 

 

Noël Ndong