Cyberespace : les fakes news prennent des proportions inquiétantes en République du Congo

Samedi 10 Mars 2018 - 10:49

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Popularisé par le président américain Donald Trump durant la présidentielle américaine de 2016, ce concept s’est incrusté dans le vocabulaire populaire pour désigner les cas de fausses nouvelles ou désinformation sur Internet.

Selon Anthonin Idriss Bossoto, expert en Ntic, enseignant à l’Université Marien-Ngouabi, une fake news est une fausse nouvelle qui a l’air d’être une vraie nouvelle car elle reprend les codes traditionnels de production de l’information journalistique. Elle se présente « sous les traits d’un article de presse classique » et « vise à induire le lecteur en erreur ». Souvent traduite par « fausses informations », l’expression « fake news » a en effet perdu une partie de son sens originel. L’anglais distingue le fake du false : ce qui est erroné de ce qui est falsifié.

 Sur Internet, le phénomène n’est pas nouveau. « Au début, il y avait les « hoax » qui circulaient par mail puis sur les blogs. Avec l’avènement des réseaux sociaux, les « fakes news » ont atteint en quelque sorte leur paroxysme », a estimé Anthonin Idriss Bossoto.

Le paradoxe, a-t-il indiqué, c’est que le succès et la diffusion des fakes news part du caractère hypermédia du web. Premièrement, il se manifeste par la démocratisation de l’accès aux informations en tous lieux, tous temps et à partir de n’importe quel terminal connecté. En second lieu, Internet a créé une rupture dans la logique communicationnelle définissant les médias de masse, en permettant aux utilisateurs d’interagir sur l’information, de communiquer et de toucher une cible très large.

En effet, le web 1.0 a démocratisé la désinformation, mais le web 2.0 a apporté « une autre dimension de la lutte par la désinformation ». Le web participatif représente l’espace du web entre l’amateur et la personnalité. « La création d’information n’appartient plus seulement au professionnel, tout le monde peut maintenant en créer. Le débat peut être géré par l’amateur. La rédaction et la création de contenus n’appartiennent plus qu’au média traditionnel, chacun avec un minimum de compétences peut en créer », a précisé Anthonin Idriss Bossoto.

Un outil de désinformation à part entière

Considérées comme une arme politique à part entière, les « fakes news » peuvent être classées dans la catégorie des outils en ligne de désinformation de masse. Cette pratique est très souvent associée à la rumeur qui s’en différencie principalement par son caractère stratégique. Il s’agit donc de propager, via les médias ou des communautés humaines, de fausses informations dans l’intérêt de son propagateur. « Plus simplement, la désinformation accroît la confusion et le désordre. Elle est contraire de ce que devrait être l’information au sens étymologique : information, mise en forme. Ce qui est nouveau, et réellement préoccupant, c’est l’ampleur et la vitesse inouïe avec laquelle elle se propage grâce aux médias sociaux et à des plates-formes comme Google ou Facebook », assure l'expert en Ntic, soulignant heureusement que le web 2.0 a apporté « une autre dimension de la lutte par la désinformation » (…).

Qui sont les « faussaires » de l’information ?

Anthonin Idriss Bossoto pense que les acteurs de cette désinformation sont différents selon les contextes. En effet, les principaux relayeurs de fausses nouvelles en ligne sont les partis politiques, les mouvements d’opposition et de contestation, les lobbies industriels, les agences de renseignements, les activistes. Les « fakes news » sont généralement diffusées pour des raisons diverses. « Elles peuvent être relayées pour des raisons à caractère politique : en période électorale, des groupes de pressions et lobby peuvent agir en ayant recours à ce type d’information. Il s’agit de déstabiliser un régime, une personnalité ou une institution. Sur le plan économique, il s’agit de véhiculer une information ayant pour objectif de ruiner l’image d’un produit, d’une firme ou encore d’influencer d’éventuels investisseurs ou partenaires. Le volet social, beaucoup plus personnel est généralement marqué par des actes de vengeance ou de règlement de compte entre individu », conclut Anthonin Idriss Bossoto.

Guillaume Ondzé

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