Cycle électoral 2013-2016 : la majorité veut impliquer l’opposition

Mercredi 20 Août 2014 - 18:39

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans une récente intervention médiatique, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a partagé le souci de son regroupement politique de faire participer l’opposition dans les décisions importantes ainsi qu’au sein du gouvernement de cohésion nationale.

L’opposition est toujours partie prenante au processus de cohésion nationale enclenché depuis les fameuses concertations nationales. C’es en tout cas ce qui transparaît dans les propos du président de la chambre basse du Parlement repris dans une récente interview accordée à la journaliste belge Colette Braekman. Alors que le gouvernement de cohésion nationale annoncé avec fracas n’a plus prise dans les consciences en raison des atermoiements qui caractérisent sa formation, Aubin Minaku ravive la perspective. Là-dessus, le secrétaire général de la majorité présidentielle affiche une conviction qui tranche avec le doute qui caractérise nombre d’esprits quant à la formation dudit gouvernement. Dans son dernier message à l’occasion de la célébration du cinquante-quatrième anniversaire de l’indépendance du pays, Joseph Kabila a réitéré sa volonté de mettre en place ce gouvernement de cohésion nationale en réaffirmant son engagement à mettre en œuvre les recommandations des concertations nationales de façon méthodique en évitant toute précipitation.

Embrayant sur cette logique, Aubin Minaku a laissé entendre que l’intérêt pour le chef de l’État d’associer une partie de l’opposition, celle ayant participé aux concertations, dans la gestion des affaires de l’État demeure entier. Ceci procède de la volonté d’élargir la fourchette au-delà des seules forces politiques de la majorité en impliquant l’opposition afin de relever le défi de la gouvernance et, par ricochet, mettre un terme aux foyers de tension qui se sont déclarés dans le pays. Sur le plan structurel, l’organisation des concertations nationales s’était imposée comme l’unique alternative susceptible de faire communier le commun des Congolais autour de l’idéal de cohésion nationale. 

« Après les concertations nationales, il est entendu que le prochain gouvernement devra travailler davantage avec l’opposition pour préparer les futures échéances électorales », a indiqué Aubin Minaku. Il pense que le moment est venu pour l’opposition, qui a toujours souhaité participer au pouvoir, de saisir l’opportunité lui offerte. « Nous sommes une jeune démocratie, un système où l’opposition doit se construire (…). Ailleurs dans les vieilles démocraties, l’opposition se construit dans l’alternance. Ici, ce serait plutôt dans le consensus, l’association au pouvoir », a-t-il ajouté. Et le président de l'assemblée de marteler que la jeune démocratie congolaise est fondée notamment sur une certaine tradition d’arbitrage, de consensus, loin des standards universels en matière de démocratie et des étiquettes fabriquées à l’étranger (droite, gauche...).

Une vice-présidence pour l’opposition ?

Aubin Minaku estime, par ailleurs, que le temps est venu de construire quelque chose avec l’opposition et s’engage à tenter de prendre langue avec les forces de l’opposition qui n’ont pas pris part aux concertations nationales afin de les ramener à la raison. Une démarche qui, selon lui, répond à l'exigence de la stabilité du pays qui requiert un dialogue général entre toutes les forces politiques et sociales du pays. Tout ceci pour non seulement préserver l’unité du pays, mais aussi pour garantir une période post électorale paisible, sans contestation majeure des résultats. « Je suis convaincu de la nécessité d’organiser les choses de manière à ce qu’après les prochaines élections, il n’y ait pas de troubles susceptibles de réveiller les passions post électorales », a-t-il déclaré. Et Aubin Minaku de poursuivre : « Si nous pouvons construire un schéma avec l’opposition, en tout cas avec celle qui a accepté de participer aux concertations, pourquoi pas ? Il faut trouver des mesures plus adaptées à la mécanique politique et cela prend du temps. Les recommandations des concertations nationales doivent être mises en œuvre mais en tenant compte de la dynamique actuelle »

D’où la question de la journaliste belge : Dans ce contexte, peut-on imaginer une vice-présidence qui serait confiée à l’opposition ? Là-dessus, le président de l’Assemblée nationale a laissé entendre que l’idée est sur la table. Concluant sur ce chapitre, il a déclaré qu’il s’agit là d’une idée qui pourrait devenir le « schéma congolais » avant ou même après les élections. Le sujet, a-t-il dit, mérite une profonde réflexion au niveau de la classe politique.

 

 

 

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Aubin Minaku