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« De la novation politique en République du Congo »

Samedi 27 Février 2016 - 15:37

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Dans la longue série d’analyses, de réflexions, d’articles, d’études, de commentaires que la Constitution du 6 novembre 2015 a générée, au Congo et ailleurs, il est un ouvrage qui nous semble mériter une attention particulière. Présenté mercredi dernier par son auteur, Bienvenu Okiemy, dans l’espace culturel aménagé sur le jardin-terrasse de notre immeuble Les Manguiers, à Brazzaville, il a suscité un débat qui n’est pas près de se clore car il touche aux fondements même de la démocratie.

Intitulé « De la novation politique en République du Congo » ce livre, écrit par le ministre de la Culture et des arts, que vient tout juste d’éditer L’Harmattan (1), permet de situer la réforme constitutionnelle dans un contexte plus large qui est celui de l’évolution des sociétés africaines, de leur insertion dans le temps présent, de leur influence croissante dans le monde actuel, de leur apport à l’amélioration de la gouvernance publique.

Publié par le même auteur et par la même maison d’édition en même temps qu’une volumineuse encyclopédie des décisions prises par l’Etat et le gouvernement de 2009 à 2015 (2), ce livre est tout à la fois un recueil d’archives et un outil de réflexion sur ce que l’Afrique en général, le Congo en particulier peuvent apporter au système démocratique qui tend à se généraliser sur les cinq continents.

Comme le fait remarquer dans sa préface le ministre d’Etat et Garde des Sceaux, Emmanuel Yoka « la structure de l’Etat est elle-même en plein changement. D’un Etat autoritaire et centralisé, issu de la tradition coloniale, on est en train de passer à Etat fortement décentralisé, selon des modalités originales qui paraissent bien adaptées à la taille du pays. Ces réformes, entérinées par la nouvelle Constitution, constitueront le moyen le plus efficace de lutter contre l’exode rural, notamment en rapprochant les conditions de vie des citoyens sur l’ensemble du territoire ».

Ce que ne dit pas ouvertement Bienvenu Okiemy, mais qu’il pense à l’évidence fortement c’est que le Congo est en quelque sorte un incubateur des réformes qui feront demain des démocraties africaines des modèles alors que, jusqu’à présent, ces dernières se contentaient de copier les institutions et les modes de gouvernance mises au point dans les pays occidentaux. Cette conviction apparait de façon claire dans plusieurs chapitres de son livre : « La reformulation des rapports entre le président de la République et le gouvernement » (IV), « Les droits de la femme au cœur des mutations sociales du Congo » (V), « La reconnaissance de l’identité des peuples autochtones » (VI), « La constitutionnalisation du caractère décentralisé de la République » (VII), « La notion d’ancrage budgétaire et la constitution » (VIII).

Finalement et tout bien réfléchi ce que démontre ce livre c’est que l’on peut être un homme politique exerçant de hautes fonctions gouvernementales au sein d’un Etat moderne sans pour autant abdiquer les responsabilités intellectuelles que l’on a acquises au fil du temps. Autrement dit et sans flagornerie que la fonction de ministre n’interdit pas, bien au contraire, de s’exprimer à haute et intelligible voix sur les réformes qui permettront à la société d’évoluer dans le bon sens.

Nous ne saurions trop conseiller à ceux qui parcourent la présente Réflexion de consacrer le temps nécessaire à la lecture de cet ouvrage. Ils comprendront mieux pourquoi le Congo s’est engagé dans une profonde réforme de ses institutions.

 

 

  1.  Bienvenu Okiemy. « De la novation politique en République du Congo ». Préface d’Aimé Emmanuel Yoka. Editions L’harmattan. 101 pages.
  2.  Bienvenu Okiemy : « Discours sur l’accomplissement du vœu de la nation ». Préface de Renaud Dutreil. Editions L’Harmattan. 358 pages.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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