Décrispation politique : le ministre de la Justice rallonge la liste des personnes à libérer

Samedi 27 Août 2016 - 16:30

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Une semaine après l'annonce de la libération de vingt-quatre prisonniers politiques, le gouvernement a décidé le 26 août d’engager les procédures réglementaires d’usage pour la remise en liberté de cinq autres prisonniers d’opinion appartenant tous à des mouvements citoyens pro-démocratie Lucha et Filimbi en détention à Kinshasa depuis plusieurs mois.    

Pendant que les vingt-quatre prisonniers politiques et d’opinion bénéficiaires récemment de la mesure du gouvernement se rapportant à leur libération continuent encore à être maintenus derrière les barreaux en attente de leur sortie effective de la prison, le ministre de la Justice; Alexis Thambwe Mwamba; a annoncé le 26 août la libération imminente d’autres prisonniers. Il a déclaré avoir saisi, quant à ce, le procureur général de la République pour procéder aux formalités d‘usage en vue de les libérer. Ils sont au nombre de cinq les jeunes activistes que le gouvernement entend libérer dans les prochaines heures. Il s’agit de quatre membres du mouvement pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha) et d’un membre du collectif de mouvements d'éducation à la citoyenneté Filimbi. Leurs noms, Bienvenu Matumo, Victor Tesongo, Héritier Kapitene, Godefroy Mwanabwato de la Lucha et  Jean de Dieu Kilima de Filimbi.   

Ces nouvelles libérations vont, selon le gouvernement, dans le sens de décrisper davantage le climat politique en RDC. Quoiqu'elle se félicite de cette nouvelle avancée, l’opposition ainsi que les mouvements pro-démocratie concernés considèrent ce geste comme insuffisant. Le fait que la dernière libération de vingt quatre prisonniers politiques et d’opinion annoncée par le gouvernement n’a jamais été suivie d’effet sur le terrain, la prudence reste toujours de mise. À la Lucha, l’on ne comprend toujours pas que les camarades prétendument libérés continuent d’être maintenus en prison, alors que la décision de leur libération devrait être exécutée surtout que la promesse avait été faite personnellement par le chef de l’État lors de son dernier passage à Goma. « C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas pour nous une garantie de les voir à l’extérieur. Nous allons considérer cette mesure comme satisfaisante lorsque nous allons voir les militants de la Lucha le 5 septembre à l’extérieur », commente Ghislain Muhiwa, un des responsables de la Lucha.

Pour ce mouvement, tous les camarades membres, y compris les quatre derniers éligibles à la libération, mais aussi le reste des détenus politiques, devraient impérativement sortir de la prison. Il en va de même de la réouverture de tous les médias proches de l‘opposition. Ce n’est qu’à ce prix, affirme ce mouvement, que la décrispation politique pourra se concrétiser. Cette position est également partagée par l’Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj) qui note que sur la vingtaine des prisonniers politiques et d’opinion libérés jusque-là, quatre seulement (tous de la société civile) devaient réellement bénéficier d’une libération, la plupart étant bénéficiaires d'amnistie depuis plusieurs années.

Et de rappeler qu’au total, cent quinze prisonniers politiques et d'opinion ou amnistiés sont encore détenus dans les prisons et cachots de la RDC et que la liste reprenant leurs noms se trouverait déjà sur la table du ministre de la Justice. Leur libération est l’une des conditions sine qua non posées par le Rassemblement des forces politiques et sociales à leur participation au dialogue.

Alain Diasso

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