Département du Pool : ninjas et population marquent leur adhésion à la paix

Samedi 24 Mars 2018 - 13:00

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Les deux parties ont fait leur aveu à la commission ad hoc mixte paritaire de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, à l’occasion de sa première mission de sensibilisation effectuée du 21 au 22 mars à Kinkala, Mindouli et Kindamba.

Conduite par le vice-président de la commission ad hoc, Philippe Biby Ané, un proche de Frédéric Bintsamou alias pasteur Ntoumi, la mission à laquelle s’est joint le préfet du département du Pool, Georges Kilébé, fait partie des premières actions de terrain de cette structure.

De Kinkala en passant par les localités de Ngabari, Misssafou, Mindouli et Kindamba, la tâche n’a pas été facile à la commission  pour faire passer son message. Mais en dépit de la résistance observée dans certains villages, les membres de la commission mixte ont usé d’un langage pédagogique et  diplomatique pour les persuader. L’objectif étant de susciter leur adhésion massive dans la mise en œuvre attendue impatiemment par tous de l'accord de Kinkala.

« Je suis devenu ninja lorsqu’un jour, les militaires ont bastonné mon père à mort, avant de brûler ma maison. Chaque chose a son temps, je souhaite maintenant que la paix revienne afin que je retrouve ma femme et mes enfants que je n’ai plus revus depuis presque deux ans », a souligné Djo, un ninja interrogé au bouchon de Yangui, un village situé proche de Missafou.

« Après avoir bombardé nos maisons par hélicoptère, vous venez maintenant nous parler de la paix. Si vous voulez qu’elle soit effective, commencez par libérer nos amis qui sont en prison, sinon nous garderons nos positions », lâchait dans un coin un autre ninja avéré plus radical, croisé non loin de la forêt de Bangou, sur la route  de Kindamba. Il s’est ressaisi après moult interventions du colonel Pierre Mongo, également membre de la délégation.

A Mindouli et à Kindamba où la Commission mixte a tenu des meetings populaires, le préfet du Pool, Georges Kilébé, a su recadrer le comportement de ces ninjas. En langue nationale Kituba, l’autorité départementale a été ferme. « Désormais, un ex-combattant n’a plus le droit de porter et de circuler avec une arme. Le port d’arme est réservé aux agents de la force publique, parce qu’ils sont agents de l’Etat. A compter de ce jour, celui qui posera les actes répréhensibles tombera sous le coup de la loi, et sera sanctionné conformément aux lois de la République », a-t-il martelé.

Plus de bouchons sur la route

Conformément aux termes de l’accord, la commission ad hoc mixte avait aussi la mission de démanteler toutes les barricades érigées le long de cette route. En effet, depuis deux ans que le conflit a repris, les camions de commerce ne circulaient plus sur l’axe Kinkala-Mindouli-Kindamba, à cause des nombreux bouchons érigés, d’un côté, par les Ninjas, et de l’autre, par la Force publique. Tous les véhicules qui allaient s’approvisionner en denrées et produits agricoles à Kindamba et au-delà n’y avaient plus accès, craignant des exactions perpétrées par des ex-combattants, mais aussi d’être rançonnés par ces bandes armées qui règnent en gangs.

Cependant, pour marquer la réouverture de cet axe stratégique, la commission ad hoc a escorté, depuis le marché commission à Brazzaville, une dizaine de véhicules commerçants.

Tout le long de la route, la population a été euphorique : « yiwiri, ywiri », autrement dit « c'est fini », a-t-on entendu de la bouche de cette dernière. Une façon pour cette population meurtrie de célébrer la fin du de la guerre dans sa contrée.

Notons que cette sensibilisation se poursuivra sur la route Linzolo-Mbandzandonga, mais aussi celles de Mayama, Goma Tsé-Tsé et bien d’autres localités concernées par le conflit.

Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

1-Un échantillon de ninjas présentés à Mindouli/Photo Adiac 2-Une colonne de camions, ici à Kinkala, en direction de Kindamba/Photo Adiac

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