Dérèglement climatique : Laurent Fabius : « il n’y a pas de plan B, car il n’y a pas de planète B »

Vendredi 23 Octobre 2015 - 14:15

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Dans un entretien paru dans Paris Match, le 22 octobre, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, président de la COP21, a évoqué des défis vitaux liés à l’eau, notamment la question des océans

Laurent Fabius a rappelé les deux poumons de la planète : les forêts et les océans. Ils absorbent un quart du CO2 émis chaque année par l’homme dans l’atmosphère. Si l’élévation des températures continue, elle va entraîner des conséquences redoutables, notamment la montée du niveau des eaux et les menaces de submersion. Les espèces marines seront touchées avec des conséquences sur la sécurité alimentaire. Sans oublier l’acidification des océans. En résumé l’eau est au centre de tout.

Il a appelé à agir sur deux plans : limiter le réchauffement climatique, ce qui aura un effet direct sur les océans, et augmenter les efforts d’adaptation aux effets du dérèglement. Il a reconnu l’existence d’une fragmentation des autorités au niveau de la mer et une multiplicité de problèmes à traiter.

Laurent Fabius et la « possible guerre de l’eau »

Seulement 10 pays cumulent 60 % de l’eau potable de la planète,  alors qu’un milliard d’humains n’y ont pas d’accès direct. L’eau est donc l’enjeu de multiples conflits à venir. Laurent Fabius parle d’une « possible guerre de l’eau ». Du fait que près d’un 1/5 de la population mondiale vit dans des zones structurellement exposées à la rareté de l’eau. Or l’eau est le premier secteur touché par les effets du dérèglement climatique, ce qui augmente le « stress hydrique ».

Dans le pire scénario, il estime que, d’ici à 2050, le volume disponible d’eau par habitant pourrait diminuer de moitié et les sécheresses extrêmes pourraient s’étendre d’ici à la fin du siècle à près d’un tiers des surfaces. Des diminutions de précipitations sont déjà observées au Sahel, en Méditerranée…Ce qui  constitue une menace de la production alimentaire : 70 % de l’eau à l’échelle mondiale est en effet consommé par la production agricole.

Les effets du réchauffement climatique sur l’environnement

Laurent Fabius a indiqué que le réchauffement climatique a et aura des effets sur l’environnement, mais aussi sur la sécurité alimentaire, la santé, les migrations, la paix et la guerre. Il considère la question  vitale au sens propre. La Conférence de Paris peut et doit donc marquer un tournant pour la planète.

Mais il faut convaincre les 196 pays à adopter un accord universel : une tâche extraordinairement complexe, reconnaît-il, tout en rappelant qu’« il n’y a pas de plan B, car il n’y a pas de planète B ». Et « sans la signature de tous les pays, il n’y aura pas d’accord ». Les gaz à effet de serre ne s’arrêtant pas aux frontières nationales, il a plaidé pour un effort universel.

Mais il note des progrès dans la prise de conscience  mis qui doit encore s’élargir. La difficulté consistant à expliquer l’urgence des actions à mener, sans pour autant donner une vision catastrophiste de l’avenir. Laurent Fabius qui ne voit pas la lutte contre le dérèglement seulement comme une contrainte, mais aussi et surtout une source d’opportunités : les changements technologiques, la transition verte  qui permettra davantage de croissance et d’emploi.

Les Chances de parvenir à un accord 

« Si nous parvenons à un accord d’application universelle, ce sera inédit » a relevé Laurent Fabius. Un résultat jamais  atteint dans l’histoire des négociations climatiques. Mais il plaide pour un accord suffisamment ambitieux. Plus de 150 pays engagés, «représentent plus de 87 % des émissions mondiales de GES, alors qu’à Kyoto le fameux protocole n’en avait concerné que 15 % ».  Pour lui, le juge de paix, sera le respect d’un réchauffement maximum d’1,5 ou de 2°C d’ici à 2100. Si l’accord signé n’est pas assez ambitieux … ».

COP21 à Paris : l’échec n’est pas permis

Pour Laurent Fabius « nous n’avons pas le droit d’échouer ». L’enjeu de la COP21 étant vital pour l’avenir de l’humanité, et il a invité la communauté internationale à prendre ses responsabilités. La lutte contre le dérèglement climatique étant l’affaire de tous, « la mobilisation des gouvernements est essentielle, celle des acteurs non étatiques est également nécessaire ».

Il observe une évolution très nette des entreprises  qui ont compris que refuser d’intégrer l’enjeu climatique dans leur stratégie leur ferait courir le risque d’être distancées, une mobilisation pro-climat croissante des collectivités locales, de la société civile, des autorités spirituelles et morales. Il  est optimiste, mais d’un optimisme actif qui pourra devenir une réalité le 11 décembre à Paris.

Noël Ndong

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