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Dette climatique : les pays riches doivent vraiment payer

Vendredi 9 Février 2018 - 18:31

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 La problématique de la dette climatique paraît être un sujet dont on ne mesure pas assez l’intérêt capital pour l’avenir de la planète. La conférence sur le climat de Copenhague (COP 15) en 2009 avait pourtant bien posé les bases de l’engagement des pays industriels, donc les plus gros pollueurs, envers les pays les moins pollueurs. D’ici à 2020, ils s’engageaient à verser cent milliards de dollars par an pour aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre les changements climatiques.

Ces mêmes pays industrialisés allaient plus loin en promettant de verser trente milliards de dollars avant 2015. Neuf ans après Copenhague et au sortir de la COP 23 qui s’est tenue à Bonn, en Allemagne, aucune avancée concrète n’a été trouvée sur la question de la dette climatique qui fut l’un des principaux sujets de friction de la récente COP 23. La coalition des pays en développement dite G77, menée par la Chine, a ainsi réclamé des engagements concrets sur la manière dont ces financements seront versés.

Il faut savoir que la Chine avec 25%, les États-Unis 12% et l’Union européenne 9% sont à eux seuls responsables d’environ la moitié des rejets polluants dans l’atmosphère. Ensuite, l’Inde, la Russie, l’Indonésie, le Brésil, le Japon, le Canada et le Mexique sont aussi les principaux responsables de ces émissions.

Pour le Pr Damon Matthews de l’université de Concordia, au Canada, qui a évalué le coût de la dette climatique accumulée depuis les années 1990, les pays débiteurs ont émis plus de 250 milliards de CO2. Selon ses estimations, le coût de ces émissions est d’environ quarante dollars par tonne de CO2. Ainsi, en 2013, par exemple, ce sont treize milliards de tonnes d’émissions de CO2, soit cinq cent vingt milliards de dollars de dette climatique. Si la multiplication est faite sur plusieurs décennies, la somme devient astronomique.

La population des pays les moins pollueurs est aujourd’hui la première victime des changements climatiques qui entravent aussi la réalisation des Objectifs de développement durable à moyen et à long terme. Outre l’augmentation du prix de l’énergie, les difficultés liées aux changements climatiques dans l’approvisionnement en eau, d’une part, et dans l’agriculture, d’autre part, vont contribuer à faire monter le prix de la nourriture, précariser l’agriculture dans certaines régions, et donc fragiliser la sécurité alimentaire.

Si l’on voit bien, malgré les promesses des pays pollueurs, les aides prévues aux pays les plus vulnérables, comme ceux d’Afrique, sont donc bien inférieures au coût de cette dette. Compte tenu de la gravité et de l’urgence de la situation, la problématique de la dette climatique ou du financement de la lutte contre le changement climatique doit devenir un combat de tout instant des pays les plus vulnérables.

 

 

 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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