Développement : Jean-Baptiste Descroix-Vernier conseille plus d’engagement en matière d’accès à l’eau

Mercredi 16 Mai 2018 - 18:10

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Devant les députés de la Mission sur la ressource en eau de la Commission développement durable de l’Assemblée nationale de France, l'entrepreneur a développé cinq propositions pour une plus grande efficacité de l’aide au développement en matière d’accès à l’eau.

Présentant le 15 mai, son rapport sur l’accès à l’eau, Jean-Baptiste Descroix-Vernier a noté que les initiatives privées ne suffisaient pas pour combattre le dénuement de la population entière. Pour cet entrepreneur, seuls les États, à travers les fonds d’aide au développement, avaient les ressources nécessaires pour offrir à chacun le droit fondamental, reconnu comme tel par l’ONU depuis 2010, de l’accès à l’eau potable. Appelé par les députés pour partager son expérience de terrain et sa vision d’entrepreneur et d’humaniste, Jean-Baptiste Descroix-Vernier s’était dit convaincu que les fonds alloués par les Etats occidentaux étaient suffisants, mais mal employés.

Cinq propositions concrètes pour améliorer le système

Jean-Baptiste Descroix-Vernier résume en cinq propositions concrètes ses idées pour améliorer le système d’accès à l’eau. À en croire le communiqué publié par ses services, l’entrepreneur a conseillé la révision du principe d’affectation des fonds en vue de privilégier le financement direct des projets par les ONG. « Les fonds versés aux États ou affectés à de grands projets économiques globaux sont trop souvent détournés de leur objet humanitaire initial », a-t-il fait observer.

Selon lui, avec un financement direct, l’efficacité des projets menés est supérieure, l’essentiel de l’argent se retrouve sur le terrain, alors que des moyens de contrôle sont bien supérieurs. Pour y parvenir, il a proposé notamment d’imposer que le seul intérêt défendu soit celui de la population. Il est urgent, a-t-il dit, de cesser l’amalgame entre humanitaire et développement du chiffre d’affaires des grands groupes. Contrôler les flux financiers et leurs affectations sur le terrain, en les attribuant directement aux ONG ; sanctionner lourdement les dérives, la corruption et ne pas hésiter à le faire a posteriori lorsque la situation créée s’avère à l’inverse du but recherché sont aussi de moyens d’arriver à ces résultats.

La deuxième proposition qu'il a faite devant les députés était l’imposition d’un contrôle des ouvrages et un suivi local. Dans le domaine de l’eau, a-t-il fait remarquer, on estime qu’un tiers des ouvrages n'est plus opérationnel au bout de deux ans. Les ouvrages mal conçus, inadaptés et mal construits vont générer des charges importantes de remise en état ou pire, être abandonnés.

La troisième proposition est le renforcement des moyens de financement internationaux des agences de l’eau. « Les agences de l’eau sont les mieux placées pour évaluer a priori et contrôler a posteriori les projets humanitaires liés à l’eau, mais elles ne vérifient que la conformité du projet, pas son financement. Par ailleurs, alors qu’elles ont légalement la possibilité d’abonder au financement de projets humanitaires pour des sommes allant jusqu’à 50% de la valeur du projet, il peut leur rester d’importantes sommes non dépensées à la clôture de l’exercice, souvent par manque d’effectifs dédiés », a révélé l’entrepreneur. Mieux structurer les collectes de financements publics et centraliser les savoirs et savoir-faire à destination des ONG et des associations sont les deux dernières propositions faites aux députés.

Développant sa cinquième proposition, Jean-Baptiste Descroix-Vernier a noté que les centaines d’associations et leurs milliers de bénévoles intervenant sur le terrain étaient systématiquement confrontés aux mêmes problématiques dans les différents stades de leurs projets : comment choisir les zones d’intervention ? Quels matériaux utiliser en terrain aride pour les ouvrages ? Quels matériaux en terrain humide ? Quels sont les coûts, les normes en vigueur, les règlementations locales ? etc., étaient autant de questions que ces derniers se poseraient.

Mais, pour cet entrepreneur, une centralisation des informations permettrait de considérablement augmenter l’efficacité des actions menées par les centaines d’associations et leurs milliers de bénévoles. Cela permettrait aussi de créer une référence, une autorité, notamment en matière de coûts. C’est ici qu’il a proposé de créer une véritable bible de l’humanitaire compilant les meilleures pratiques, référençant les matériaux et techniques ainsi que leur coût associé pour les différents fournisseurs. « Les financements sont là, les acteurs de terrain ont un engagement sans faille au quotidien, les ressources en eau sont accessibles avec les technologies existantes. Ces quelques propositions pourraient aider à sauver plus de vies : des enfants, des peuples entiers », s’est-il convaincu.

Jean-Baptiste Descroix-Venier a, en effet, fait observer que l’Organisation mondiale de la santé indique que d’ici à 2025, plus de la moitié de la population mondiale vivra dans des régions subissant des problèmes graves d’eau, ce qui représente un risque de migrations mondiales et de bouleversements géopolitiques que jamais la planète n’aura connu. « Nous ne sommes pas capables d’accueillir des milliards de personnes qui changeraient d’hémisphère pour des questions de survie, par manque d’eau. En revanche, nous sommes capables de faire en sorte que ces personnes participent au développement mondial, sans le subir. Ça commence par l’eau », a-t-il conclu.

Jean-Baptiste Descroix-Vernier, rappelle-t-on, est un entrepreneur engagé depuis seize ans dans des missions humanitaires à travers sa Fondation.  Il a permis, avec ses partenaires comme l’ONG Hydraulique sans frontières, d’apporter l’eau potable de façon durable et autonome à des centaines de milliers de personnes dans de nombreux villages d’Afrique sub-saharienne.

Lucien Dianzenza

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