Développement : l’Afrique doit investir dans l’agriculture et la pêche

Mercredi 20 Août 2014 - 16:15

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Une étude conduite par Africa Progres panel, un groupe des dix personnalités qui se mobilisent en faveur du développement équitable et durable de l’Afrique conclut que l’émergence de l’Afrique passe par la mise en valeur de ces deux secteurs : l’agriculture et la pêche.

« Les gouvernements doivent veiller de toute urgence à ce que la croissance économique ne se limite pas à créer des richesses pour certains, pour faire en sorte qu’elle contribue au bien-être de la majorité. Il s’agit surtout de recentrer les priorités sur les atouts les plus importants et les plus productifs à savoir l’agriculture et la pêche», stipule ce rapport produit par Koffi Annan, ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies en fait partie. Outre l’exploitation agricole et piscicole, les États africains sont également invités à combler le double déficit d’infrastructures et de système financier inclusif. L’absence d’infrastructures représente selon l’étude, un goulet d’étranglement pour la croissance comme pour les perspectives qui s’offrent à ce continent. 

« Grâce à des routes en bon état et des installations de stockage de qualité, les agriculteurs seront en mesure de commercialiser leurs récoltes avant qu’elles ne pourrissent en plein champ. Les obstacles au commerce et les carences des infrastructures empêchent les agriculteurs de faire véritablement face à la concurrence », souligne ce rapport. 

Les banques et les Télécoms ont un rôle à jouer 

Il en est de même pour le système financier qui  nécessité la mise en place d’une coopération régionale dans les domaines de l’énergie et des transports afin de réaliser des économies d’échelle dans le cadre des projets d’infrastructures. Un autre aspect épinglé , celui du développement des services bancaires mobiles et du commerce électronique qui permettent de surmonter le problème de l’exclusion financière comme au Kenya. Appréciant les progrès réalisés au cours des quinze dernières années au plan de la croissance économique dont les revenus moyens ont augmenté d’environ un tiers, il a été de même indiqué que si une telle dynamique se poursuivait, les revenus seront doublés. Notons que ce progrès a été réalisé grâce, non seulement aux ressources pétrolières, minières ou des exportations et des investissements étrangers, mais aussi aux changements commerciaux dans des domaines tels la banque, l’industrie agroalimentaire, les télécommunications, etc.

L’Afrique nourricière de la population mondiale ?

D’après  les conclusions de ce rapport, l’Afrique dispose de suffisamment de ressources pour nourrir non seulement sa population, mais également celle des autres régions du monde. Car, son niveau de productivité pourrait être multiplié par deux d’ici à cinq ans. Bien qu’encore archaïque,  l’agriculture et la pêche constituent les principaux facteurs de cette révolution. « Il est temps pour l’Afrique de mener ses révolutions verte et bleue. Celles-ci sont amenées à modifier profondément, et de façon extrêmement positive, le visage de notre continent. Pourvoyeuses d’emplois et de perspectives considérables, ces révolutions permettront surtout d’améliorer sensiblement la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique. À l’échelle du continent, la malnutrition signe avant tout l’échec des autorités politiques, et nous devons immédiatement remédier à cette carence démobilisatrice », souligne ledit rapport.

Les denrées alimentaires coûtent 35 milliards de dollars par an

Avant l’an 2000, l’Afrique subsaharienne était exportatrice des denrées alimentaires. Actuellement, ses importations s’élèvent à 35 milliards de dollars par an. L’instabilité qui caractérise les marchés des denrées alimentaires accroît par conséquent la vulnérabilité du continent.  Le rapport sur les progrès en Afrique publié l’année dernière avait démontré que les mouvements de capitaux illicites, souvent effectués à des fins d’évasion fiscale par les industries extractives, coûtaient à l’Afrique plus que ce qu’elle perçoit dans le cadre de l’aide internationale ou des investissements étrangers.

Celui rendu public cette année déplore également les pertes des milliards de dollars à cause des pratiques illégales et criminelles dans le secteur de la pêche et de l’exploitation forestière. « Nous ne faisons qu’accumuler des problèmes pour l’avenir. Une caste corrompue enrichit sa fortune personnelle, tandis que la très grande majorité des Africains d’aujourd’hui et de demain ne peut profiter de ressources collectives susceptibles de fournir à tous des revenus, des moyens de subsistance et une meilleure alimentation », dit ce rapport.

Lopelle Mboussa Gassia