Développement : le numérique pour nourrir l’Afrique en 2050 

Jeudi 11 Juillet 2019 - 11:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Selon une étude du cabinet BearingPoint, l’utilisation d’applications mobiles pourrait apporter plus d’efficacité à l’agriculture africaine.

Intitulée " Le nouvel or vert de l'Afrique ", l'étude indique que d’ici à 2050, la population africaine passera de 1,2 à plus de 2,5 milliards d’habitants. L’enjeu majeur sera de nourrir une population qui va doubler en l'espace d'une décennie, tandis que l’agriculture est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale.

L’insécurité alimentaire sévit dans de nombreux pays. Les solutions proposées par les nouvelles technologies pourraient changer la donne. La plus grande partie de la nourriture consommée sur le continent provient de deux cent cinquante millions de petites exploitations familiales disposant de faibles moyens. La filière est mal organisée, 40 à 70 % des récoltes sont jetées, faute de lisibilité de l’offre et de la demande. Du coup, la plupart des pays sont contraints d’importer du riz, du maïs, du blé pour combler ce manque.

Une aberration qui pourrait être résolue par la mise en place d’une plate-forme numérique, indique Jean-Michel Huet, associé chargé du développement international chez BearingPoint. En réunissant tous les acteurs du secteur, celle-ci, conçue par exemple sous la forme d’une application mobile, encouragerait la circulation de l’information, rassurerait les acheteurs sur les possibilités d’écoulement et permettrait au monde paysan de vendre l’intégralité de sa production. Les agriculteurs pourraient doubler leurs rentrées d’argent. Ils gagnent en moyenne entre huit cents et neuf cent cinquante euros par an.

"Ce doublement permettrait à cette catégorie de la population de passer du groupe des 60 % d’Africains les plus pauvres au début de la classe moyenne ", souligne-t-il. La plate-forme permettrait également de proposer des biens et des services aux agriculteurs, des produits bancaires aux assurances en passant les intrants agricoles. 

Mise en place de modèles d’intégration numérique

Des modèles sectoriels d’intégration numérique commencent à se mettre en place. Au Nigeria, l’ONG Convention on Business Integrity s’est associée avec une banque, pour lancer une plate-forme numérique à destination des producteurs de maïs. Grâce à l’application mobile SAP Rural Sourcing Management, les acteurs de la filière échangent des informations, de l’agriculteur jusqu’au transformateur. Pour l’instant, cinquante mille agriculteurs sont impliqués.

Les plates-formes numériques ne sont pas le seul modèle pertinent. Le Centre international d’agriculture tropicale a lancé, en 2009, un service d’information des sols africains dont l’objectif est de dresser une cartographie numérique à l’échelle du continent. Par la combinaison de l’imagerie satellite et de la spectroscopie infrarouge, ainsi que le drone agricole, l’AfSIS appuie les politiques gouvernementales et aide les ONG à promouvoir les types d’agriculture les plus adaptés aux territoires.

Des obstacles subsistent

L’alliance agriculture et numérique est encore à inventer. Plusieurs obstacles se dressent, comme l’accès à internet, faible en Afrique, le taux élevé d’analphabétisme. Malgré ces freins, le " bouche-oreille" fonctionne bien. L'étude estime à  trois cent cinquante millions le nombre de petits agriculteurs familiaux qui bénéficieraient d’un revenu de deux mille deux cents euros par an, et à six cent trente milliards d’euros la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut africain. 

Noël Ndong

Notification: 

Non