Développement : Rémy Rioux veut voir la France dépoussiérer sa politique

Mercredi 25 Juillet 2018 - 12:45

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Le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) a fait part de son voeu dans une interview accordée à l’"Opinion".

Le continent africain va passer à deux milliards d’habitants en 2050, contre 1,2 milliard aujourd’hui. Pour Rémy Rioux, les enjeux et défis de l’Aide publique au développement (APD) de la France en Afrique sont immenses en matière d’éducation, de création d’emplois et de croissance urbaine. Dans son analyse de la politique française en matière de développement en Afrique, le directeur général de l’AFD déclare : « Nous vivons un profond renouvellement de la politique de développement, après une décennie de recul. La spirale a commencé à s’inverser à la fin du mandat de François Hollande avec l’organisation d’évènements internationaux comme la COP21 qui a permis de recapitaliser l’AFD (+ 2,5 milliards d’euros) et de la rapprocher de la Caisse des dépôts. Cette tendance s’est accélérée avec l’arrivée d’Emmanuel Macron ». Il a souligné qu’une trajectoire a été fixée pour atteindre en 2022 l’objectif de 0,55 % du revenu national consacré à l’APD contre 0,38 % fin 2016. Une première étape doit être franchie dès la loi de finances pour 2019 avec l’augmentation d’un milliard d’euros des dons.

Selon Rémy Rioux, la France pourra ainsi poursuivre l’essor de ses activités qui ont dépassé dix milliards d’euros en 2017. Il a rappelé que plus de 70 % des Français soutiennent la politique de développement et ensuite présenté l’agenda du président français, Emmanuel Macron, en matière de développement. Ce dernier présidera le G7 en 2019, dont les principaux thèmes seront l’éducation et l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.  Emmanuel Macron prône une politique d’ouverture au monde, en considérant le développement comme un instrument de la relation entre les nations, « les ministères sont concernés », a-t-il dit.

Il a précisé que le message a été transmis aux ministres de se rendre en Afrique « pour parler climat, stabilisation des zones fragiles, éducation, santé, égalité femmes-femmes, sport », ajoutant : « Le président est à la recherche de récit pour notre politique de développement, dans une logique d’investissement plus que l’aide et qui fonctionnerait dans les deux sens ».

Parlant des flux migratoires, le directeur général de l’AFD rappelle la priorité à des politiques publiques européennes efficaces et humaines et le respect du droit d’asile ainsi que des valeurs qui s’y rattachent. L’Afrique va passer à deux milliards d’habitants en 2050, pour Rémy Rioux, c’est une opportunité historique. Il rappelle que le taux d’émigration du « continent reste faible (2,5%) et l’Afrique accueille deux fois plus de réfugiés que l’Europe ».

Le directeur général de l'AFD estime qu'il y a beaucoup à faire dans l’accompagnement de la mobilité de la population à l’intérieur du continent, « par une meilleure maîtrise des frontières et de l’intégration de cette population dans les pays où elle a choisi de vivre ». Puis, il rappelle que l’Europe, avec ses quatre cent cinquante millions d’habitants, est en phase de dénatalité et qu’elle a besoin « d’accueillir près de deux millions d’étrangers par an ».  « Il faut voir et organiser les flux entre les deux continents, favoriser l’emploi et l’intégration sociale », a-t-il précisé.

Rémy Rioux pense que la politique de développement n’est plus « un simple transfert financier du Nord vers le Sud, de la responsabilité historique. C’est un instrument pour accomplir des transitions. Sa définition doit être reformulée » .

Il a donné des bases d’une réflexion entreprise sur le sujet par l’AFD pour « dépoussiérer la politique de développement », dont la nouvelle stratégie sera divulguée cet été. Quelques points clés à retenir : une approche globale « Tout Afrique », une dimension innovante et tropicale à l’Outre-mer ; les croisements des idées entre le Nord et le Sud. « Il faut trouver un nouveau récit et l’expliquer aux Français. Les Etats-Unis ont leur propre récit, c’est la sécurité nationale. Les Britanniques s’intéressent à la lutte contre la pauvreté dans les zones fragiles ; l’Allemagne expérimente la responsabilité internationale sous l’angle des biens publics mondiaux », a-t-il soutenu. Rémy Rioux rêve d’un débat parlementaire sur le sujet.  

Noël Ndong

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