Dialogue : Edem Kodjo entre rejet et protection

Lundi 25 Juillet 2016 - 17:44

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Récusé par le  Rassemblement des forces acquises au changement, le facilitateur du dialogue désigné par l’Union africaine bénéficie du soutien de la majorité au pouvoir décidée à l’accompagner jusqu’au bout dans sa lourde mission.     

Pendant que le facilitateur Edem Kodjo se veut rassurant estimant que tout le monde est maintenant dans les bonnes dispositions d’esprit pour aller au Dialogue proprement dit qui durera entre deux et trois semaines, l’opposition issue du Conclave de Genval voit les choses plutôt autrement. Alors qu’elle avait donné des assurances quant à sa participation au Dialogue assortie de quelques conditions, le Rassemblement des forces politiques et sociales de la RDC acquises au changement vient de revoir sa position. À la base de ce rétropédalage se trouve le communiqué du facilitateur Edem Kodjo fixant le début des travaux du comité préparatoire au 30 juillet.  

Engageant ses partenaires du Rassemblement, Étienne Tshisekedi a confirmé, dans un communiqué publié à Bruxelles, la non-participation au Dialogue de cette plate-forme de l'opposition. Celle-ci récuse, par ailleurs, l’ex-Premier ministre togolais dont la démarche est loin de rencontrer son assentiment en raison de certaines irrégularités y décelées. L’opposition de Genval, avec Étienne Tshisekedi en tête, déplore la précipitation avec laquelle Edem Kodjo s’emploie à convoquer les travaux du comité préparatoire sans associer les parties prenantes à la décision. Elle estime que l'invitation lancée par la facilitation pour les travaux préparatoires du Dialogue n’a pas respecté certaines normes. Étienne Tshisekedi et ses compères du Rassemblement qualifient de « machination » la démarche d’Edem Kodjo négociée, selon eux, dans un « mépris total du peuple congolais ».

Les engagements pris lors de la rencontre entre les membres de la plate-forme et le groupe de soutien à la facilitation en Belgique n’ont pas été respectés, note l’opposition de Genval. Il s’agit, entre autres, de la transformation du comité de soutien en groupe de facilitation, de « l’inopportunité » de créer un comité préparatoire et de renvoyer le début du préDialogue après le meeting de l’opposition du 31 juillet. C’est en vertu de ces engagements non tenus que le Rassemblement récuse le facilitateur Edem Kodjo qui, d’après lui, ferait le jeu du pouvoir. Et d’inviter l’Union africaine à désigner un autre facilitateur pour le Dialogue en RDC.

Un autre son de cloche est, cependant, entendu du côté de la majorité où Edem Kodjo bénéficie d’un soutien tous azimuts. Le camp Kabila réitère, quant à lui, son soutien à l’ex-Premier ministre togolais convaincu que le Rassemblement est en train de distraire l’opinion alors que le processus est sur le point d’atteindre le bout du tunnel.

La plate-forme présidentielle ne reconnaît pas au Rassemblement des forces acquises au changement le pouvoir de récuser le facilitateur du Dialogue désigné par la communauté internationale. Une telle attitude de l'opposition est incompréhensible en ce sens qu’elle va au-delà de ses prérogatives démocratiques, commente-t-on à la majorité. Il se susurre dans le milieu que le Dialogue est irréversible et il aura lieu avec ceux qui sont prêts ou qui voudront bien y prendre part. « Tout le monde sera là et on va réserver leurs places. Le jour qu’ils voudront nous rejoindre, ils vont venir », a tranché un cadre de la majorité tout en relativisant la présence d’Étienne Tshisekedi qui trouvera sa place autant que tous les autres congolais à ces assises.  

Alain Diasso

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