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Diaspora

Lundi 20 Novembre 2017 - 10:15

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Ce terme décrit un phénomène de dispersion d'une partie de la population au-delà de ses frontières nationales. Pour constituer une diaspora, les communautés d'expatriés doivent toutefois conserver des attaches avec le pays d'origine, des pratiques ou des habitudes spécifiques au pays. L’on fait souvent référence à la diaspora juive mais l’on peut également désigner d'autres communautés telles que russe, arménienne, irlandaise, kurde, portugaise, etc.. Le niveau d'attachement est cependant variable; les liens peuvent être économiques, politiques ou culturels.

Les communautés dispersées se dotent souvent d’organisations, de porte-parole ou de rituels permettant le maintien du lien. La dispersion peut être le fait d'une guerre, d'une révolution, d'une répression, d'un génocide ou d'un phénomène collectif mais la référence à l'événement déclencheur constitue une composante essentielle de la construction de l'identité des communautés dispersées.

À l'origine, ce terme ne recouvrait donc que le phénomène de dispersion proprement dit, de nos jours et par extension, il illustre le résultat de la dispersion des membres d'une communauté dans plusieurs pays.

Le nombre de personnes en situation de diaspora n'est pas connu précisément, mais il peut être estimé à 600 millions, soit 10 % de l'humanité selon le rapport de la Commission globale sur les migrations internationales des Nations unies.

Le géographe français, Roger Brunet,  énumère trois types de causes de dissémination : « une dispersion contrainte, en l'absence de pays propre (diaspora palestinienne) ; une difficulté d'existence plus ou moins momentanée (diaspora portugaise, irlandaise) ; ou un choix d'activités et de modes de vie ».

Les politologues s’intéressent au rôle des diasporas dans les relations entre États, entre pays d'origine et pays d'accueil et les grandes problématiques suscitées concernent l'espace économique, les flux transnationaux, les structures religieuses, les comparaisons entre les différents modes d'accueil des pays récepteurs, la notion de territorialité et les grands espaces carrefours.

Les territoires d'origine des diasporas sont le plus souvent le Moyen-Orient, l’Asie du sud est et l’Amérique centrale-Caraïbes. Les diasporas peuvent également être issues de zones de fortes pressions démographiques et de pauvreté relative (diasporas « prolétaires » qui à la seconde génération deviennent de vraies diasporas, car elles ont les moyens d'auto-développement).

La diaspora africaine, essentiellement politique, va le plus souvent à contre sens du combat politique  mené dans le pays d’origine  où les gens sont dans le réel et vivent les faits au quotidien.

Arrêtons-nous sur ce postulat et méditons: « La diaspora africaine envoie 36% d’argent en plus vers le continent qu’il y a dix ans ». C’est le Fonds international de développement agricole qui l’affirme et son rapport indique qu’en 2016, plus de 60 milliards de dollars ont ainsi transité vers le continent africain.  Paradoxalement, en dix ans, le nombre de personnes résidant en dehors de leur pays a augmenté de 28% et les montants des transferts de fonds de ces expatriés vers leur pays d’origine ont bondi de 51%. Cela confirme t-il que les migrations africaines ne sont que le fait de pauvreté relative (diasporas « prolétaires ») ?

Le continent africain est troisième en termes de montant reçu, derrière l’Asie-Pacifique, mais aussi l’Amérique latine. Les régions du continent recevant le plus d’argent sont l’Afrique du nord et l’Afrique de l’ouest. Plus de la moitié de l’argent perçu sur le continent par les familles de migrants est destinée à la satisfaction des besoins primaires tels que l’alimentation, le logement ou l’habillement et l’on constate qu’avec les réseaux sociaux, les diasporas saisissent plus vite les nécessités de leurs proches restés au pays. À l’échelle mondiale, l’ensemble des ressortissants à l’étranger cumule annuellement des rémunérations de 3 000 milliards de dollars : 15% sont envoyés en direction de leur pays d’origine, le reste allant dans le pays de résidence. Ces fonds qui « sortent » des pays d’accueil équivalent à 0,7% du PIB des pays occidentaux. Ce n’est pas un choix, c’est une nécessité pour les pays du Nord et même une aubaine, car ils ont besoin de cette main d’œuvre par rapport à leur population vieillissante, dans l’incapacité de réaliser les travaux effectués par ces migrants, aussi 0,7% de leur PIB c’est une goutte d’eau. Cependant, pour les pays bénéficiaires, ces transferts sont extrêmement importants. La Somalie, par exemple, doit sa reconstruction presque uniquement aux envois de fonds de sa diaspora à l’étranger. Et que dire de cette diaspora ouest africaine qui construit des villages entiers!

En Afrique, dix-neuf pays sont concernés. Pour six d’entre eux, ces transferts de fonds représentent plus de 10% de leur PIB, pour le Liberia, ces rentrées d’argent représentent 31% de son PIB, c’est 22% pour la Gambie, 20% pour les Comores, 18% pour le Lesotho et 14% pour le Sénégal.

 

 

 

 

 

Ferréol C.P Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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