Diaspora : Herléo Muntu signe son retour aux sources

Samedi 25 Janvier 2014 - 9:30

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Cette année, l’artiste souhaite offrir à son continent d'origine une sorte de cadeau de reconnaissance. Sa tournée le conduira au Kenya, en Côte d’ivoire, au Cameroun, en Afrique du Sud et, bien sûr, en République démocratique du Congo, le pays qui l'a vu naître

Les Dépêches de Brazzaville : Vous avez remporté plusieurs prix au Canada : meilleur album de la diaspora congolaise en 2011; nominé aux African Entertainement Awards en tant que « best male artist of the year » et d’autres distinctions,. Herléo Muntu, comment vous définissez vous, vous-même?
Herléo Muntu : Je suis une jeune âme canadienne d’origine congolaise. Je suis chanteur et réalisateur de disques et j'ai publié trois albums. Le premier en 2007, le deuxième en 2010 et le troisième en 2013. Je suis un artiste engagé, car je défends, à travers ma musique, des valeurs universelles mais aussi des valeurs personnelles. Et je dénonce avec les mots les plus justes, si possible, les maux de notre société au singulier, car je me considère citoyen universel. C’est peut-être ça, aussi, la raison pour laquelle je fais de la musique du monde, difficile à catégoriser.

Comment un Congolais aussi loin de chez lui arrive-t-il à toucher les gens de son terroir et même d’ailleurs à travers le rythme, la danse et surtout la voix? Quel est votre secret?
Ce qui me relie à la musique est très profond. J’ai l’habitude d’avoir une écoute très attentive et je peux être assez critique, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Cela a donc bien entendu une influence sur mes réactions. Si ça sonne bien, je n’hésite pas à m’impliquer. Autrement, il ne faut pas espérer me voir faire des « head bang » si je ne ressens aucun amour ou aucune énergie. De plus, ma musique est métissée. Alors, mon identité métissée (africaine et nord-américaine) me permet forcément de voir chaque composition de deux façons et de vouloir satisfaire chacun de mes deux univers musicaux et identitaires de façon égale. C’est peut-être ça mon secret.

Parlez-nous de votre dernier album, Réflexions. Pourquoi ce titre? Le choix des langues et des mots?
Réflexions, mon troisième album, c’est l’histoire d’un jeune artiste qui décide de faire l’album qui lui correspond le plus, en allant à contre-courant des modes actuelles. Réflexions, ce sont des textes principalement en français (un peu en lingala), des rythmes latins et des accents africains. J’ai voulu créer « un moment » : que l’auditeur, dans son auto ou à la maison, puisse passer un très bon moment en écoutant Réflexions du début à la fin. Par des centaines de messages que je reçois sur Facebook ou via mon email, je suis fier de dire que j’ai atteint mon objectif. Ayant fait le choix délibéré du français comme langue principale, à contre-courant, je voulais que le titre de l’album le clame, y compris vis-à-vis d’un public étranger, mais de façon un peu décalée. Ayant un double objectif, Réflexions est aussi une façon d’assumer mon identité car, c’est suite à une recherche identitaire et artistique menée en 2009 que je m’étais décidé à changer mon nom, de R-Léo à Herléo Muntu, et de choisir Réflexions comme titre de mon dernier album.

Quel est le genre de tempo que vous proposez et comment réussissez-vous à regrouper autant d’harmonies dans le style musical qui est le vôtre?
Mon style musical se nomme le hip-pop world. Simplement parce que le hip-hop reste la ligne directrice de ma musique. Le côté pop, c’est mon côté simple d’écrire des chansons et finalement, le world, c’est quand j’y ajoute des influences africaines et latinos. Quand je compose une chanson, je commence souvent avec un kick ou un groove. Quand je suis satisfait, le vrai plaisir commence. Je peux continuer avec une ligne de base, mais je cherche plus couramment une mélodie intéressante, éventuellement mêlée avec une partie vocale ou tout ce qui s’accorde le mieux à l’idée en construction. Cela peut tout aussi n’aboutir à rien d’accompli ou à une collection d’expérimentations et d’idées à écouter dans un second temps. C’est pourquoi, je prends plus de temps lors de la « genèse » de la chanson. Si tout fonctionne bien jusqu’à ce moment, entrer dans l’arrangement peut-être facile et amusant. Bien sûr il y a quelques retouches, mélanges, etc., mais je n’aime pas me battre pendant des mois sur un morceau. Un adage italien dit : « Si ce sont des roses, elles vont s’épanouir ». Un beau morceau se sent dès ses prémices.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta