Diplomatie : la Grèce dénonce l’accord Tripoli-Ankara

Lundi 23 Décembre 2019 - 16:30

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Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendas, a effectué, le 22 décembre, un périple en Libye, en Egypte et à Chypre sur fonds de tensions créées par la signature d’un accord maritime entre la Turquie et Tripoli.

En Libye, plus précisément à Benghazi, dans l’est du pays, le chef de la diplomatie grecque a rencontré le même jour le maréchal Khalifa Haftar avant de se rendre au Caire, la capitale égyptienne et à Athènes.  Il a annoncé que l’accord sur le gazoduc EastMed serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier. L’étape de la Libye a permis à Nikos Dendias de se rendre au quartier général du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, qui ne reconnaît pas le GNA. Selon un communiqué du ministère grec des Affaires étrangères, les deux personnalités ont évoqué les deux accords signés entre Ankara et Tripoli, estimant qu’ils sont « dénués de fondement », et contraires au droit international.

Pour Nikos Dendias, la Turquie agit de manière imprudente et sera, de ce fait, « la seule perdante ». Il a également noté que son pays est en négociations avec des Etats voisins, comme l’Egypte et l’Italie, pour délimiter également les zones maritimes. « La Grèce n’hésitera pas à défendre ses droits et intérêts souverains de quelque manière que ce soit, toujours dans le cadre de ses obligations constitutionnelles et du droit international », a-t-il prévenu.

Le déplacement du ministre grec des Affaires étrangères et l’annonce soudaine de la signature du gazoduc EastMed interviennent alors que le (GNA) basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU a signé fin novembre deux accords controversés avec Ankara. Le premier porte sur la coopération militaire entre la Turquie et la Libye et le second sur la délimitation maritime entre les deux pays. Athènes a condamné ce dernier accord, parce qu’elle y voit une « violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d’autres pays », dont Chypre et l’Egypte.

L’accord signé entre Tripoli et Ankara permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre.

Ankara accusé de fournir des armes au GNA

Le texte ouvre la voie à une implication militaire turque accrue en Libye. C’est pour cela que les forces du maréchal Haftar accusent Ankara de fournir des armes et des conseillers militaires à leurs rivales du GNA. En juin, elles avaient menacé de s’en prendre aux intérêts turcs en Libye.

Réagissant à la rencontre entre Nikos Dendas et les responsables du gouvernement parallèle, le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, l’a dénoncée. Dans un communiqué, il a dit qu’il s’agissait là d’une « violation flagrante des décisions de l’ONU, du Conseil de sécurité de l’ONU et des organisations régionales (...), qui stipulent toutes que le GNA est le seul gouvernement légitime » en Libye.

Au Caire, le ministre grec des Affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue égyptien, Sameh Choukri. Il a ensuite rencontré son homologue chypriote Nikos Christodoulidis à Larnaca. Le 10 décembre, la Grèce avait appelé l’ONU à condamner l’accord Ankara-Tripoli, qu’elle a qualifié de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région.

Dans moins de deux semaines interviendra la signature de l’accord sur EastMed, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président chypriote, Nikos Anastasiades, prouvant la détermination des parties impliquées dans la réalisation de ce projet. Il s’agit d’un gazoduc de 2.000 km qui sera capable d’acheminer vers la Grèce entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz par an depuis les réserves offshores du bassin levantin, au large de Chypre et d’Israël, et vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poseïdon et IGB. Ce projet devrait faire des trois pays un maillon important de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe et bloquer les tentatives de la Turquie pour étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale. « Il est très important que les pays de cette zone montrent, dans un délai aussi court, qu’ils ont des réflexes devant les provocations de la Turquie », a commenté le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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