Diplomatie : la RDC suspend sa coopération militaire avec la Belgique

Lundi 17 Avril 2017 - 13:09

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Les critiques belges lors de la récente nomination du Premier ministre congolais sont à la base de cette décision qui met fin à plusieurs années d’une coopération militaire sans accrocs et consolidée à l’épreuve du temps.      

 

 

Les relations diplomatiques entre la Belgique et son ancienne colonie la RDC sont de nouveau au plus bas. De part et d’autre, la tension monte sur fond d’une escalade verbale qui trahit la détérioration d’un partenariat en dent de scie. Prenant le devant, la RDC a pris la décision de rompre sa coopération militaire avec son ancienne puissance coloniale. Un partenariat militaire qui a longtemps résisté aux soubresauts politiques récurrents depuis l’avènement au pouvoir de Joseph Kabila. Cette fois-ci, les fondements de cette coopération militaire belgo-congolaise viennent de s’écrouler à la suite de cette décision des autorités congolaises qui mettent fin à l’accord de formation militaire conclu entre les deux pays.  « (…) Nous allons prendre la mesure de suspendre la coopération dans le secteur de l’armée. Le reste va suivre si ça se poursuit ainsi », a indiqué le ministre congolais de la Défense, Crispin Atama Tabe, faisant allusion aux dernières déclarations du ministre belge des relations extérieures, Didier Reynders, au sujet de la nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre.

C’est bien là le nœud du problème, car Kinshasa n’a pas beaucoup apprécié la prise de position frisant l‘ingérence de la Belgique en rapport avec cette nomination. En effet, Didier Reynders qui s’est exprimé là-dessus a noté que cette nomination ne cadrait pas avec l’esprit et la lettre de l‘accord du 31 décembre, le Premier ministre nommé n’étant pas issu du Rassemblement. Ce qui, d’après lui, constituait une entorse audit accord. « Dans ce contexte, et suite à la forte détérioration de la situation sécuritaire et des droits de l’Homme dans différentes parties du pays, la Belgique se concertera avec ses partenaires internationaux concernant les relations avec la RDC », avait encore affirmé le ministre belge.  Ce dernier a vite été recadré par les autorités congolaises qui n’ont pas digéré cette « immixtion intolérable » de l’ancienne Métropole dans les affaires congolaises.

« Depuis un certain moment, le gouvernement belge s’est illustré à maintes reprises par une immixtion intolérable dans les affaires à l’intérieur de la RDC, à travers des déclarations insupportables. Nous ne pouvons pas comprendre que lorsqu’on nomme un ministre ou un Premier ministre de la RDC, que le gouvernement belge se mette à se prononcer là-dessus », a déclaré le ministre Crispin Atama Tabe. Il n’affiche aucun regret lorsqu’il martèle sur le départ des instructeurs belges, qui à l‘occasion, pourront être remplacés par des formateurs congolais. « Donc, pour nous la perte est insignifiante », s’est-il félicité. Du coté belge, on parait prendre acte de cette décision. Déjà, le ministère belge de la Défense nationale diligente actuellement l’inventaire des actions de coopération en cours, afin de rapatrier au plus vite ses instructeurs présents au Congo.  

Pour rappel, le programme de partenariat militaire entre la RDC et la Belgique est axé pour l’essentiel sur la formation. Les militaires belges avaient notamment formé deux brigades d’interventions rapides, qui s’étaient illustrées contre l’insurrection Enyele, dans l’Équateur, au début des années 2010, puis contre la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) au Nord-Kivu en 2012 et 2013. Ils accompagnent encore les militaires congolais sur le terrain aujourd’hui. 

Alain Diasso

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