Diplomatie : le Sud-Coréen Kim Jong-Yang élu président d’Interpol

Mercredi 21 Novembre 2018 - 11:49

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Le président par intérim d’Interpol, dont la candidature était « fermement » soutenue par les Etats-Unis face à un général russe, a été élu à Dubaï, le 21 novembre, à la tête de la plus importante organisation de police au monde pour un mandat de deux ans, a-t-on appris.

Kim Jong-Yang assurait l’intérim en tant que président d’Interpol depuis la « démission » subite de son ancien patron, Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine et qui a mystérieusement disparu début octobre au cours d’un voyage dans son pays.

Les délégués d’Interpol ont élu le Sud-Coréen lors d’une assemblée générale après que la candidature du général de police russe, Alexandre Prokoptchouk, avait suscité une levée de boucliers aux Etats-Unis et des menaces de l’Ukraine et de la Lituanie de quitter l’organisation mondiale de police.

Le nouveau président élu devra désormais terminer le mandat de quatre ans que son prédécesseur devait achever en 2020, mais le véritable patron de l’organisation est dans les faits son secrétaire général. Celui-ci est jusqu’à l’année prochaine l’Allemand Jürgen Stock, qui rappelait début novembre que le poste de président était « essentiellement honorifique ».

Outre le poste de président, celui de vice-président pour les Amériques a été également pourvu et c’est l’Argentin Néstor R. Roncaglia qui a été élu, pour un mandat de trois ans, a fait savoir Interpol.

Aussitôt après son élection, le nouveau président d’Interpol a estimé que le « monde fait aujourd’hui face à des changements sans précédent qui représentent d’énormes défis à la sécurité et sûreté publiques ». Sur Twitter, il a ajouté : « Nous avons besoin d’une vision claire : nous devons construire un pont vers l’avenir ».

Les critiques de Moscou n’ont pas voulu qu’Alexandre Prokoptchouk soit élu parce qu’ils craignaient qu’Interpol ne devienne un outil du Kremlin pour lutter contre ses opposants politiques, bien que le poste de président soit plus honorifique qu’opérationnel. Pourtant, la semaine dernière, et citant des sources britanniques, le quotidien The Times donnait le candidat russe favori au poste de président de l’organisation.

Du côté de Washington, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait indiqué le 20 novembre, à la veille du vote, que les Etats-Unis « soutenaient fermement » le Sud-Coréen. « Nous encourageons toutes les nations et organisations faisant partie d’Interpol et respectant l’Etat de droit à choisir un chef intègre. Nous pensons que ce sera le cas de M. Kim », avait déclaré le chef de la diplomatie américaine.

Dans une lettre rendue publique le 19 novembre, quatre sénateurs américains avaient appelé les délégués des 192 pays membres d’Interpol à rejeter la candidature d’Alexandre Prokoptchouk. « Les événements récents ont montré que le gouvernement russe abusait des procédures d’Interpol pour harceler ses opposants politiques », avait appuyé le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Garrett Marquis.

Dans plusieurs pays européens, comme en Russie, en Ukraine et Lituanie, des voix s’étaient tout aussi élevées pour dénoncer l’élection du candidat russe à la direction d’Interpol. L’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, par exemple, a affirmé sur Twitter que son équipe avait « souffert d’abus d’Interpol à cause de persécutions politiques par la Russie ». Kiev et Vilnius ont,  quant à eux, menacé de se retirer d’Interpol en cas d’élection du général russe. Mais Moscou avait rejeté ces accusations qualifiant les réactions d’hostilité à la candidature du général de police russe de « politisation inadmissible ».

La biographie d’Alexandre Prokoptchouk figurant sur le site internet du ministère russe de l’Intérieur qu’il a rejoint dans les années 1990 relève que ce polyglotte a obtenu en 2003 le grade de général de police et commencé à travailler avec Interpol en 2006, d’abord en tant que responsable adjoint du bureau russe de l’organisation. Il a également été chargé de la coopération avec Europol, l’agence européenne de police criminelle, puis nommé au comité exécutif d’Interpol en 2014, avant d’en être élu vice-président en novembre 2016.

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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