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Dimanche 2 Mars 2014 - 23:15

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Elle n’est pas n’importe qui. Au Katanga, la seule invocation de son nom suscite respect et admiration. Dominique Munongo-Inamizi est une authentique princesse d’un des grands royaumes que compte la province cuprifère. C’est une évidence puisqu’elle est l’arrière-petite-fille du grand mwami (roi) Mwenda Shitambi Ngelengwa N’siri

Dominique Munongo-Inamizi ©DRCe dernier, pour l’histoire, fut assassiné par les colons belges le 20 décembre 1891 pour avoir refusé que le drapeau belge soit implanté au Katanga. Elle sait ce que vaut son statut social et toute la charge qu’elle est censée assumer vis-à-vis des siens et de la communauté. Fille du mwami Mwenda Shyombeka wa Shalo Munongo Godefroid, elle est loin de se contenter des avantages que lui procure sa lignée familiale. Elle veut plus. Elle cherche à se forger une identité propre en partageant ses idées et ses convictions. Être de souche royale ne lui monte pas à la tête. Bien au contraire.

Toute princesse qu’elle est, elle a appris le sacrifice qu’imposent les études. Elle s’est formée dans plusieurs écoles de référence, tant au pays qu’à l’extérieur. Sociologue de formation, elle sait que rien ne peut lui être donné si ce n’est à force de travail et d’abnégation. Activiste des droits humains, très engagée dans la lutte contre la corruption et la pauvreté, elle a plus d’une fois dénoncé l’arbitraire et les injustices sociales dans plusieurs tribunes à travers le monde en portant haut la voix de la femme congolaise.

C’était, dit-elle, au risque de sa vie. Convertie par la suite en politique, elle lutte, avec la même énergie, pour l’émergence d’un nouveau Congo où seules les valeurs pourront compter : « Il est grand temps que l’on soit sérieux avec nous-mêmes si l’on veut être considéré à notre juste valeur par la communauté internationale et par nos voisins avides de nos richesses potentielles. Nous avons été suffisamment humiliés ! », réagit-elle, comme pour manifester son dépit vis-à-vis des antivaleurs qui gangrènent la gestion du pays à tous les niveaux.

Discrète, mais ferme dans ses positions, car dotée de grandes convictions, elle est un des acteurs majeurs au sein de son parti, l’Union nationale des démocrates fédéralistes (Unadef) que dirige le vétéran Charles Mwando Simba. Elle s’y est imposée comme une des voix qui comptent. Elle a participé activement aux travaux des concertations nationales en représentant la section provinciale de l’Unadef à ces assises.

C’est sans doute ce qui lui valu d’être nommée bourgmestre de la commune de Likasi (à 120 kilomètres de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga). Un motif de fierté pour le parti, dont le prestige s’est accru au regard des performances qu’elle a réalisées, en moins de deux années de gestion, dans cette juridiction. « C’est une autre expérience, mais fort exaltante dans la mesure où elle me permet de m’imprégner des réalités de notre Congo profond et particulièrement du Katanga. Côtoyer des gens de toutes les couches sociales, écouter leurs préoccupations, régler les différents conflits tant fonciers, parcellaires, religieux, conjugaux que familiaux me permet d’oublier mes propres préoccupations et d’être vraiment utile à la nation. C’est vraiment une grande responsabilité que de gérer les entités territoriales décentralisées », confie-t-elle.

Et d’enchaîner : « c’est un apprentissage à une autre vie d’épreuves, d’angoisse, d’endurance et de solitude. J’aime ce genre de défis ». Des idées, elle n’en manque pas. Des ambitions non plus. Son souhait le plus ardent, c’est de se retrouver un jour à la tête d’une ville ou d’un ministère des affaires sociales ou humanitaires, bref, un lieu où elle pourrait « donner l’impulsion pour que les choses changent réellement dans les mentalités des gens ». Faire partie de l’Assemblée nationale ou provinciale la tente également, et elle sait qu’elle a le potentiel requis pour postuler à ces niveaux de responsabilité.

La politique, elle la fait pour changer les choses de l’intérieur. Dans son fief du Katanga, elle milite pour que les mentalités soient transformées et que l’autorité de l’État soit restaurée. Mais aussi pour que le trafic d’influence à divers niveaux, la corruption, la spoliation des biens de l’État et le détournement des deniers publics soient définitivement éradiqués des mœurs congolaises.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Dominique Munongo-Inamizi ©DR