Dossier fin d'année. Grèves et manifestations : le front social agité en 2018

Mercredi 2 Janvier 2019 - 18:15

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En 2018, les mouvements de débrayage ont touché les enseignants, le personnel du Centre hospitalier universitaire, les retraités, les travailleurs de la Société de transport public urbain, les expropriés de Kintélé, les agents de l'ex-Société nationale de distribution d'eau, de la Société des postes et d'épargne du Congope, les ex-travailleurs du port autonome de Brazzaville, etc.

Une année sauvée de justesse

Au vu du rythme académique 2017-2018, l'année n'a pas été brillante. Entre le non-paiement de la bourse des étudiants et l’arrêts des activités académiques par les enseignants, l’année académique n'a pas fermé ses portes en beauté. Des salles de classe et amphithéâtres désertés, l’enseignement supérieur était en berne.

L’Université Marien-Ngouabi, l’unique de l’État regroupant onze établissements (facultés, instituts, écoles supérieures…), a été paralysée par une grève générale illimitée, qui avait débuté le 7 septembre.  Pendant trois mois, les étudiants  ont connu des périodes qui ont chamboulé leur calendrier conventionnel.

Non-paiement de salaires et arriérés, cause principale des revendications

Qu’il s’agisse des enseignants, des agents du Centre hospitalier universitaire, de ceux de la Société de transport public urbain (STUP), retraités ou expropriés de Kintélé, le refrain reste le même. Dans une déclaration rendue publique au terme de leur assemblée générale du 6 septembre dernier, les enseignants de l'Université Marien-Ngouabi réclamaient non seulement le paiement de six mois d’arriérés de salaire mais également le paiement des heures supplémentaires et complémentaires des années 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018, ainsi que le recrutement des finalistes, bénévoles et prestataires de l’enseignement à la Fonction publique, conformément aux normes et au droit de travail. 

Les conséquences de cette grève ont entraîné la fermeture des facultés, écoles et instituts établis au sein de l’université. Les inscriptions aux concours et pour la nouvelle année académique ainsi que les examens de fin d’année ont été également retardés. Pour rattraper le coup, le 28 novembre dernier, le gouvernement et le collège intersyndical de l’Université Marien- Ngouabi se sont accordés sur la levée de la grève et la reprise du travail, moyennant le paiement immédiat du salaire du mois de juin 2018 et des heures diverses dues au titre de l’année académique 2016-2017.

En mars dernier, les travailleurs de la STPU sont revenus sur leurs revendications,  notamment le paiement des sept mois d’arriérés de salaire, le remboursement des 700 900 000 F CFA de la mutuelle des travailleurs, la prise en charge de leur collègue accidenté depuis fin mars 2016, la régularisation de leurs droits de trois ans d’exploitation à la Caisse nationale de sécurité sociale, leurs droits liés à l’arrêt brutal de travail, le paiement de tous les arriérés et autres droits y afférents.

Dans le même sillage, en novembre, un concert de casseroles d’ex-agents de l’ONPT (ex-Office national des postes et télécommunications liquidé en 2003) a été observé au centre-ville de Brazzaville. Un peu plus de mille deux cents anciens travailleurs de cette structure réclamaient à l'Etat le versement à la Caisse nationale de sécurité sociale de la somme de quinze milliards F CFA qui représentent leurs cotisations dûment prélevées afin que leurs pensions de retraite soient prises en compte. A cette somme, s'ajoutent les cinq cent quatre-vingts millions F CFA dus à leur mutuelle et reconnus dans le plan de liquidation. Le 12 novembre fut leur deuxième semaine de manifestation pour attirer l'attention des autorités.

Les pensionnés de la Caisse de retraite des fonctionnaires ont aussi fait face à la même réalité. Après avoir servi la nation, ces agents se sont retrouvés sans pension pendant de longues périodes. Cette situation concerne particulièrement les retraités qui perçoivent leur solde dans les banques.

Une autre grève a été observée, pendant plus d'un mois, au Centre national de transfusion sanguine, avant d'être suspendue le 19 octobre dernier. Le personnel réclamait à l'Etat le reversement direct de leurs cotisations sociales à la Caisse nationale de sécurité sociale. C’est au terme des négociations entre le gouvernement et les syndicats que l'administration s'est engagée à respecter la concomitance de la paie des salaires des structures de santé à budget de transfert avec celle des fonctionnaires de l'Etat et l'apurement des arriérés de salaires dans tout le secteur de la santé.

Les expropriés non indemnisés du site du Complexe sportif de la Concorde et du Centre international de conférences de Kintélé ont également emboité le pas. Le 27 décembre, ils organisaient un sit-in rythmé par un concert de casseroles devant la primature. Sur les pancartes brandies, on pouvait lire: « Respectez la Constitution et payez notre argent ». En effet, plus de deux mille propriétaires terriens et acquéreurs sont en attente d’indemnisation à ce jour. L’expropriation date d’il y a six ans et l’attente semble longue.  Un dialogue entre les services de la primature et la présidence du collectif des expropriés non indemnisés a semblé produire ses fruits, après plus d’une heure d’échanges. Le président de ce collectif, Giscard Ghislain Tiba, déclarait: « On est rassuré que le paiement se fera à partir de 2019. Le gouvernement en a fait sa priorité ».

Une lueur d’espoir pour 2019 ?

En crise en raison de la chute des cours des matières premières, le Congo a essayé de sortir la tête de l’eau en 2018. D’après des prévisions, cet effort devrait se poursuivre en 2019. Non sans se heurter à quelques embûches. Présentant le projet de loi de finances pour l’année 2019, le ministre congolais des Finances et du budget, Calixte Nganongo, avait exposé, le 6 octobre dernier, les projections de conjoncture faites par les principaux analystes mondiaux pour 2019, laissant présager un taux de croissance à 3,7% fin 2019.

 

 

 

Durly Emilia Gankama

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