Dossier Meschak Elia : des zones d’ombre dans la décision de la Fécofa

Jeudi 21 Novembre 2019 - 17:45

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La sanction infligée par la Fédération congolaise de football association (Fécofa) à l'attaquant Meschak Elia, sur une plainte du TP Mazembe, suscite la curiosité, au regard de certaines zones d'ombre. Pour avoir refusé de signer au RC Anderlecht de Belgique, le joueur écope de douze mois de suspension.

La Fécofa vient de suspendre Meschak Elia pour douze mois, « avec interdiction d’accès aux installations sportives, et extension aux équipes nationales de la République démocratique du Congo, à la Confédération africaine de football (CAF) et à la Fédération internationale de football association (Fifa) ». Selon elle, l’«ancien » joueur du TP Mazembe de Lubumbashi a usé de faux en écriture. «L’âge contenu dans le nouveau passeport de Meschack Elia Lina est un faux en écriture », soutient l’instance faîtière du football congolais. Et d’ajouter que le joueur s’est rendu coupable de « faux dans les titres, fait prévu et réprimé par l’article 52 du Code disciplinaire de la fédération (CDF), atteinte à l’honneur du Tout Puissant Mazembe, complicité d’une rupture contractuelle avec son club, en violation manifeste de la réglementation de la Fifa, par l’acceptation des avantages indus dans le cadre des accords conclus avec le club de Young Boys ». La Fécofa s’est donc fondée sur les articles 52 et 49 du CDF et l'article 53 du CDC pour prononcer sa sentence.

En fait, cette décision découle de la plainte déposée contre Meschak Elia par le Tout Puissant Mazembe. D’après un communiqué du club dirigé par Moïse Katumbi Chapwe et managé par Frédéric Kitengie Kikumba, « Meschak Elia, incité par des agents véreux, s’est retrouvé en Suisse, a demandé l’asile politique avant de forcer les portes de Young Boys par des procédés malhonnêtes : établissement d’un faux passeport dont l’année de naissance est 1997, susceptible de faire accréditer la thèse de sa minorité au moment de la signature de son premier contrat avec pour finalité de le faire annuler suite à son incapacité de contracter à la date précitée ; incitation à violer ses obligations contractuelles avec le TPM, accusation diffamatoires contre le TPM et son président ; complicité d’une rupture contractuelle avec son club, en violation manifeste de la réglementation de la FIFA, par l’acceptation des avantages indus dans le cadre des accords conclus avec le club de Young Boys ».

Mais au lendemain de cette longue suspension du joueur, l’on note cependant certaines zones d’ombre autour de cette décision qui s’apparenterait à un acharnement. Ne serait-ce pas la logique de la loi du plus fort ? De prime abord, l’on noterait que le joueur n’a pas été entendu afin de présenter ses moyens de défense. Qu’à cela ne tienne, tout est parti du transfert avorté en août dernier. En effet, deux joueurs du TP Mazembe, Meschak Elia et le défenseur Arsène Zola, se sont envolés pour Bruxelles pour un transfert sec au RC Anderlecht de Belgique.

Mais arrivés à Neerpede, ils ont été surpris de constater qu’ils devraient d’abord faire un essai, la signature d’un transfert n’était pas du tout garantie. Clairement, il n’était plus question de transfert sec mais de test. Malgré l’agacement, les deux joueurs se sont résolus à passer ce test. Les médias belges et congolais ont rapidement fait part de l’essai concluant de Meschak Elia, tandis qu’Arsène Zola n’aurait pas répondu aux attentes du coach à l’époque, Vincent Kompany. Se confiant à Leopardsfoot.com, Arsène Zola a affirmé que son test a été concluant. Mais la direction des Mauves ne pouvait pas l’engager parce qu’il y a avait déjà quatre défenseurs axiaux. Alors, pourquoi l’avoir envoyé à Anderlecht en lui faisant croire à la signature d’un transfert sec, pendant que certains clubs comme Mouscron, en Belgique, et d’autres au Portugal s’étaient manifestés pour ce défenseur de 23 ans qui a démontré son talent avec Mazembe en compétitions africaines interclubs et avec les Léopards de moins de 23 ans ?

"Je suis le maître de ma vie'", dixit Meschak Elia

En dépit de l’essai réussi, Meschak Elia n’a pas signé son contrat, lui aussi. Et il a pris la direction de la Suisse sans donner des raisons. On pourrait apercevoir l'ombre des agents des joueurs dans ce revirement d'Elia. La direction de Mazembe parle de forcer les portes de Young Boys de Berne où se trouve, curieusement, un autre ancien du Tout puissant Mazembe, l’international ivoirien Roger-Claver Assalé. La nouvelle du départ de Meschak Elia a enflammé les médias belges. On a parlé de fuite mystérieuse, ou encore de disparition dans la nature. Mais le joueur a vigoureusement réagi sur son compte officiel Facebook afin de fixer, à sa manière, l’opinion et surtout chassé l’image péjorative que l’on a tenté d’accoler à sa personne. « Silence ! Je suis le maître de ma vie, donc rien à craindre, l’avenir seul me donnera raison. Quand j’avais reçu l’offre du RC Anderlecht, j’avais aussi la capacité de la rejeter. J’ai aucun contrat avec RC Anderlecht et je suis libre de m’engager avec n’importe quelle équipe qui accomplira mes conditions », a-t-il déclaré.

Aussi se pose-t-on la question sur les clauses de ce transfert. C’est croire que le joueur, au départ venu signer et non en essai à Anderlecht, a les raisons de rejeter ce transfert. Quels avantages Meschak Elia devrait-il tirer de ce transfert chez les Mauves ? Ce club, se souvient-on, s’était compromis dans le dossier de Chancel Mbemba, qui s’est retrouvé avec quatre dates de naissance. Mazembe parle de Meschak qui dispose d’un autre passeport daté de 1997. Mais, le joueur Arsène Zola a été la cause de la disqualification des Léopards de moins de 23 ans, face aux Lions d’Atlas du Maroc, aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique de la spécialité, parce qu’il a deux dates de naissance, une autre chez les Corbeaux et une deuxième avec la sélection. Et aujourd’hui, c’est Mazembe et la Fécofa qui sanctionnent Meschak Elia dont l’un des griefs est l’établissement d’un faux passeport ! L’on se souvient qu’il avait aussi effectué un essai, tout autant concluant à Bursaspor, en Turquie, ancien club de Cédric Bakambu, mais il n’avait pas pu signer avant de retourner à Mazembe.

Meschak Elia est donc suspendu par la Fécofa sur une plainte déposée par Mazembe. Va-t-il faire appel ou aller au tribunal arbitral du sport ? Ne serait-ce pas peine perdue ? Dans tous les cas, la carrière de Meschak Elia semble être en pause. Wait and see.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Meschak Elia

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