Drame du 4 mars 2012 : deux tableaux dans les zones détruites par les explosions

Mardi 3 Mars 2015 - 18:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Trois ans après les explosions des dépôts d’armement et munitions, les gigantesques travaux de reconstruction engagés par l’État commencent à porter leurs fruits. Mais d’un autre côté, le contraste saute à l’évidence avec de nombreuses habitations des particuliers détruites, envahies d’herbes ou de mares d’eau, en attendant leur tour d’être réhabilitées.

À Ouenzé et Talangaï, les deux principaux arrondissements (5 et 6) de la capitale, frappés par les explosions du 4 mars 2012, la rumeur annonçait pour ce 4 mars 2015, la réouverture de l’hôpital de base de Talangaï réhabilité et l’inauguration du nouvel immeuble de la mairie de l’arrondissement 6. Ce ne sera pas le cas, d’après les informations recueillies au niveau local. Néanmoins, les deux structures modernisées et complètement équipées, ou presque, n'attendent que la décision des autorités pour être opérationnelles. Et celle-ci ne saurait tarder.

Selon le ministère en charge des Grands travaux, l’hôpital qui a tant manqué aux populations de cette partie de Brazzaville est déjà provisoirement réceptionné et sera remis en service courant mars. « Cet hôpital est non seulement réhabilité mais surtout en modernisation. Nous procédons actuellement à son équipement avec du matériel neuf pour un coût de 11 milliards FCFA », indique-t-on au niveau de ce ministère. Également équipé en grande partie, le siège de la mairie de Talangaï n’attend plus grand-chose pour fonctionner.

À l’instar de ces deux infrastructures publiques, les logements sociaux, dont 200 anciens ont été réhabilités et 300 autres, financés par la partie chinoise, sont en cours d’achèvement sur l’ancien camp du Génie et matériel. Ils renvoient si bien l’image de la renaissance de cette zone de "triste souvenir". Leurs travaux, beaucoup plus avancés que ceux du Mémorial de l’histoire du Congo en cours d’érection sur le site des anciennes casernes avec un complexe scolaire, un centre commercial et une église également en construction, ainsi que des voiries en cours de réalisation, laissent augurer d’un bon retour de la vie dans ces quartiers.

Un nombre important de particuliers attendent encore...

Au nombre des actions post-urgence programmées par le gouvernement afin de reconstruire les zones détruites de Ouenzé et Talangaï, les établissements scolaires laissent une bonne impression. Pierre Ntsiété, Fleuve Congo, Trois Martyrs, Nkombo, AA Néto, Thomas Sankara et Liberté ont vu leurs capacités d’accueil se décupler et les conditions de travail s’améliorer qualitativement. Le lycée de la Révolution et le collège Gampo Olilou promettent, eux aussi, de bons lendemains avec d’impressionnants travaux qui avancent à pas de géant.

Cependant, le plus grand défi pour l’État demeure encore la reconstruction des parcelles des particuliers détruites. Une œuvre apparemment complexe à plus d’un titre, tant la situation n’est pas la même pour tous les sinistrés.

Depuis 2013, le gouvernement avait entamé la réhabilitation des maisons endommagées. « Cette opération est menée par phase. La première phase concerne au total 821 parcelles que 17 entreprises s’emploient à réhabiliter. Des 42 milliards que coûte cette phase, 27,650 milliards ont été décaissés (soit 66%) pour un taux d’exécution physique de 80% », indique le ministère en charge des Grands travaux. La deuxième phase de ce chapitre concerne environ 3500 parcelles regroupées en 20 blocs. Elle est en cours d’évaluation selon les autorités et une provision budgétaire a été constituée. Le démarrage des travaux ne pourra venir qu’après la finalisation des dossiers.

3500 parcelles attendent d’être réhabilitées

Dans la zone dite rouge, celle voisine de l’épicentre des explosions, il est envisagé la construction des logements modernes. Au total, 48 logements témoins sont en voie d’être érigés par l’entreprise Sinohydro qui a reçu une avance de démarrage des travaux exceptionnelle d’environ 50% du montant du marché. Mais le démarrage effectif des travaux dépend d’une procédure d’expropriation menée en concertation avec les autorités des quartiers et les propriétaires de parcelles. Celle-ci a connu, à ses débuts, quelques tergiversations en raison des incompréhensions. Il faut signaler que les populations de ces zones adhèrent de plus en plus à la politique du gouvernement. D'autant plus que certains propriétaires de maisons en ont déjà bénéficié. D'où les impatiences qui s’expriment déjà. Et même des critiques.

« Le gouvernement devrait faire un peu plus vite parce que s’il y en a qui ont bénéficié de l’aide de l’État en s’installant à Kintelé, en retrouvant leurs maisons reconstruites ou des toits réparés provisoirement avec l’aide de l’État, nous autres ne bénéficions de rien. Nous sommes devenus locataires, la famille est démembrée et éparpillée. Alors que je connais un ami qui continue d’occuper le logement de l’état à Kintélé en faisant louer sa propre maison déjà réhabilitée par l’État», se plaint un jeune cadre natif du quartier 61, Mpila.

Après avoir réussi à fermer les 14 sites de sinistrés et reloger les 17 500 personnes issues d’environ 3000 familles, le gouvernement s’appuie surtout sur le projet de 1000 logements en construction à Kintélé, banlieue nord de Brazzaville. Des maisons sont affectées, au fur et à mesure qu'elles sont construites, aux sinistrés qui les demandent. Actuellement 396 familles y sont logées et 65 logements finis attendent d’être affectés à d’autres familles. Mais, de nombreuses personnes sur la liste d’attente s’interrogent sur les critères d’affectation des logements. Autre sujet de pression sur le gouvernement, le remboursement des particuliers ayant réhabilité eux-mêmes leurs maisons. Des requêtes sont déposées à cet effet et les autorités se sont engagées à rembourser les intéressés.

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

1- Nouveau siège de la mairie de Talangaï ; 2- Les logements sociaux de Mpila ; 3- Plusieurs familles attendent encore dans des abris de fortune (Photos Adiac)