Droits de l'homme : les parents des détenus politiques offusqués par l’attitude du gouvernement

Samedi 13 Octobre 2018 - 16:41

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Comité des familles des prisonniers politiques (CFPP) se dit choqué d’entendre que le pouvoir de Kinshasa sollicite, pour l’honneur et la dignité, l’abandon des sanctions imposées à certains de ses dignitaires par l’Union européenne (UE) et les États-Unis, alors qu’il est lui-même incapable de respecter les mêmes droits sur son territoire national.

A travers un communiqué du 11 octobre, le CFPP s’est dit indigné des propos du porte-parole du gouvernement et ministre chargé de la Communication, Lambert Mende, tenus sur les ondes de "Radio France internationale" (RFI), se plaignant des sanctions de l’UE et des États-Unis contre certains dignitaires congolais. Ce comité se dit plus scandalisé par ce qu’il qualifia de « justification pseudo-juridique et pseudo-éthique » qui motiverait cette demande du ministre congolais, lui aussi frappé par ces sanctions.

Le CFPP-RDC rappelle que Lambert Mende était « devenu célèbre pour les attaques injurieuses contre les prisonniers politiques de la RDC ». Cette structure a également signifié qu’il y a quelques mois, un autre membre du gouvernement congolais, le ministre de la Justice, « s’était distingué par des invectives publiques inutilement injurieuses, aussi bien contre les prisonniers politiques que contre les journalistes présents à sa propre conférence de presse ». Ces injures, a souligné le CFPP-RDC, ont justifié un blocus de la presse à son encontre – qui court toujours – ainsi qu’une protestation formelle du directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme. Aujourd’hui, le CFPP dit assister à un revirement de la situation, lorsque ceux qui se plaisent dans leur rôle de bourreau se plaignent aujourd’hui, parce que victimisés quelque part.

La structure poursuit que le ministre Lambert Mende, qui faisait allusion aux sanctions de l’UE et des Etats-Unis dont il sollicitait l’abandon, a déclaré, le 11 octobre, sur les antennes de RFI : « Nous nous estimons victimes d’une forfaiture de la part du Conseil européen. Il est évident qu’il porte préjudice à tous ceux qui sont cités là-dessus. Il ne s’agit pas seulement du candidat du Front commun pour le Congo (FCC), nous sommes des pères de famille… ».

" Eugène Diongala également père de famille"

Le CFPP-RDC s’étonne que le ministre de la Communication, qui parlait au nom du candidat du FCC à la présidentielle, Emmanuel Shadary Ramazani, également frappé par les sanctions énoncées, recourt à la notion du respect de sa « réputation » « alors qu’aussi bien lui que d’autres membres de son gouvernement ne prêtent aucune considération à ladite notion, en ce qui concerne les prisonniers politiques congolais, appelés par tous les noms d’oiseaux pour les dénigrer et essayer de faire oublier à l’opinion aussi bien nationale qu’ internationale, les montages politico-judiciaires dont ils sont victimes ». Le comité fait remarquer que lorsque le porte-parole du gouvernement rappelle que les personnes sanctionnées sont « des pères de famille », il oublie que Eugène Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo, Franck Diongo ou Gecoco Mulumba sont, eux-aussi, des pères de famille, injustement poursuivis sur la base de montages politiquement motivés. De quel droit le ministre de la Communication souhaite-t-il que l’Union européenne s’appesantisse sur le côté « pater familias », alors que lui-même et ses compagnons sanctionnés continuent de détenir illégalement Eugène Diomi Ndongala, blanchi de toute accusation par le Tribunal des droits de l’homme des Nations unies, par le jugement n° 2465/2014 qui ordonne à l’Etat congolais de le libérer et de l’indemniser, depuis octobre 2016 ? s'interroge le CFPP. 

Appelant le gouvernement congolais à suivre l’exemple d’autres gouvernements africains qui viennent de libérer massivement leurs prisonniers politiques ces derniers mois dont ceux du Rwanda, du Sud-Soudan, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, etc., le CFPP note qu’on ne peut revendiquer la protection du droit en sa faveur, alors qu’on la refuse aux victimes de l’intolérance politique. « Comment revendiquer à l’étranger, la protection des procédures du droit et les droits de l’homme pour soi et ses complices, alors que dans son propre pays le droit n’existe plus et les droits de l’homme de millions de Congolais sont chaque jour violés ? », se demandent les familles des prisonniers politiques.

Lucien Dianzenza

Notification: 

Non