Droits de l’homme : l’exploitation des êtres humains s’aggrave selon l’ONU

Mardi 8 Janvier 2019 - 16:48

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« La traite des êtres humains devient de plus en plus "horrible" dans les zones de conflit, où des groupes armés retiennent les femmes comme esclaves sexuelles et utilisent les enfants soldats pour semer la peur », indique le dernier rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc), publié le 7 janvier à Vienne, en Autriche, prévenant ainsi une impunité généralisée.

Selon l’Unodc, les militants utilisent la traite comme un moyen de renforcer leur contrôle dans les zones où l'Etat de droit est faible. Les pays détectent et signalent davantage de victimes et condamnent davantage de trafiquants.

Le document a également constaté une nette augmentation du nombre d'enfants victimes de la traite, qui représentent désormais 30% du nombre total de victimes repérées, le nombre de filles étant nettement supérieur à celui des garçons. L'exploitation sexuelle reste le principal objectif de la traite, représentant environ 59%.

L’ambassadeur du Bélarus, Alena Kupchyna, qui a présidé la 28e session de la Commission et animé l’événement, a déclaré que la lutte contre le problème mondial de la traite des êtres humains était au cœur des travaux de la Commission. « Pratiquement tous les pays sont touchés par ce crime, que ce soit en tant que pays d'origine, de transit ou de destination des victimes », a indiqué Alena Kupchyna, présidente de la Commission pour la prévention du crime. 

Pourtant, poursuit le rapport, la police et les procureurs ne sont souvent pas équipés pour faire face au recrutement et à l'exploitation d'enfants par des groupes extrémistes, alors que les condamnations mondiales des trafiquants restent très faibles.

« La traite des êtres humains est liée à la plupart des conflits armés. Dans les situations caractérisées par la violence, la brutalité et la coercition, les trafiquants peuvent opérer avec une impunité encore plus grande », a souligné, pour sa part, Yury Fedotov, directeur exécutif de l'Unodc.

« Enfants soldats, travail forcé, esclavage sexuel, la traite des êtres humains a pris une dimension horrible car, les groupes armés et les terroristes l'utilisent pour semer la peur et convaincre les victimes de les inciter à recruter de nouveaux combattants », a-t-il ajouté.

Pour Yury Fedotov, l'attribution du prix Nobel de la paix 2018 à Nadia Murad, une ancienne esclave sexuelle de l'État islamique devenue activiste yazidi et ambassadeur de l'ONU était une « reconnaissance importante » et a appelé le monde à cesser d'utiliser le viol comme arme de guerre.

Les condamnations restent faibles…

Selon le rapport de l'Unodc, alors que les pays font de plus en plus de victimes, principalement des femmes, cibles de la traite à des fins sexuelles, et condamnent plus de trafiquants, le nombre total de condamnations reste très faible dans de nombreux pays, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. « Dans certains pays (…), les trafiquants ne risquent pratiquement pas d'être traduits en justice », relève le rapport.

Environ quarante millions de personnes dans le monde vivent comme des esclaves, emprisonnées dans des travaux forcés ou des mariages forcés, à en croire une estimation historique du groupe de défense des droits de l’homme australien « Walk free foundation » et de l’Organisation internationale du travail.

Cependant, les militants affirment que des données plus nombreuses et de meilleure qualité sont nécessaires pour suivre les progrès dans la poursuite de l’objectif de l'ONU visant à mettre fin à l'esclavage moderne et à la traite des êtres humains d'ici à 2030, alors que de nombreuses victimes dans le monde, y compris des enfants soldats, ne sont plus comptées.

« Des informations fiables et une base solide de preuves pour nos politiques sont deux des choses les plus importantes pour combattre ce crime écœurant de la manière la plus efficace possible. Nous avons simplement besoin de savoir de quoi il s'agit réellement », a signifié Karin Kneissl, ministre autrichienne des Affaires étrangères, lors du lancement du rapport.

La traite des êtres humains regroupe plusieurs formes d'exploitation des êtres humains, les plus courantes étant la prostitution, l'esclavage et le travail forcé. Une journée mondiale y est associée, le 30 juillet, proclamée « Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d'êtres humains ».

La traite des êtres humains générerait environ trente-deux milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel et constituerait la troisième forme de trafic la plus répandue au monde, après le trafic de drogues et d'armes. Chaque année, 2,5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, tomberaient sous l’emprise des trafiquants.

Yvette Reine Nzaba

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