Droits humains : polémique autour de la mort du maréchal des logis-chef Éric Souami

Samedi 15 Février 2014 - 17:15

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Après le décès du maréchal des logis-chef Éric Souami le 12 février à la maison d’arrêt, le collectif des avocats de ce dernier a, au cours d’un point de presse animé le 14 février à Brazzaville, déploré ce qu’ils ont appelé le « gros disfonctionnement de la justice congolaise »

Pour ce collectif d'avocats, composé de Me Ambroise Malonga, Me Dieudonné Nkounkou et de Me Édouard Maboya Nganga, qui prétend défendre simplement les droits de l’homme en suivant le respect strict de la loi républicaine, les tortures subies nombre de Congolais lors des enquêtes préliminaires, des détentions préventives n’honorent pas le Congo.

La loi, a fait savoir ce collectif qui est par essence apolitique, dit que les personnes arrêtées ou emprisonnées doivent être jugées, c’est-à-dire entendues. Ce qui n’a pas été le cas pour Éric Régis Souami décédé, ni pour d’autres détenus, dont non seulement les dossiers n’évoluent pas mais qui ne sont ni traités ni soignés en cas de maladie, soutient ce collectif.

Il fait en outre savoir qu’Éric Souami, qui était en détention préventive depuis dix mois sans être jugé ni présenté à un juge, a trouvé la mort à la maison d’arrêt. Il estime que l’État doit en assumer la responsabilité. En évoquant cela, le comité veut améliorer les institutions, pour qu’il n’y ait plus de disfonctionnements entre la justice, les officiers de police judiciaire, les juges, etc.

Réagissant aux dires de ces avocats, le procureur de la République André Oko Gakala a, dans une mise au point faite le 15 février, tenu à éclairer l’opinion nationale et internationale sur les propos qu’il a qualifiés d’extrêmement graves et troublants tenus par ces avocats. « Je tiens à vous informer que le défunt Souami Éric Régis avait été incarcéré à la maison d’arrêt courant 2013 pour les faits de détention illégale d’armes de guerre, d’atteinte à la sûreté de l’État, d’association de malfaiteurs sur mandat de dépôt du juge d’instruction. Hospitalisé le mardi 11 février 2014, ce dernier est décédé le mercredi 12 février à l’hôpital central des armées Pierre-Mobengo », a-t-il indiqué.

Ainsi comme dans la plupart des cas d’accident vasculaire-cérébral, diagnostic prononcé par son médecin traitant, il n’existe pas de signes précurseurs pour annoncer le drame qui pourrait survenir, a-t-il poursuivi. Il a précisé que durant toute sa période de détention à la maison d’arrêt, l’intéressé, comme l’ensemble des détenus de l’établissement pénitentiaire, n’a pas un seul instant fait l’objet de traitements inhumains ou dégradants qui auraient pu entamer son moral.

L’État de droit, a martelé le procureur de la République, n’est pas synonyme d’anarchie ou de désordre. Il a des principes et personne n’a le droit de dire ni de faire n’importe quoi. Le parquet de la République près le tribunal de grande instance, a-t-il asséné, attire l’attention des Congolais et des Congolaises qui ont pris l’habitude de créer des troubles à l’ordre public, de perturber la quiétude et la paix en diffusant ou en propageant de fausses nouvelles. Dorénavant le parquet engagera des poursuites à leur encontre.

Citant le cas de Me Malonga, un des avocats de ce collectif,  Oko Gakala a déclaré : « Ce dernier n’est pas un avocat digne de ce nom. Il est en train de faire sa politique. Je lui demande de choisir entre la politique et sa profession de noble d’avocat. Je signale qu'il a fait de la prison pour des propos virulents incitant à la haine tribale. Nous signalons à l’opinion nationale et internationale que Me Malonga n’est pas l’avocat du défunt Souami et nous l’invitons dorénavant à observer strictement les obligations de sa profession. Fini le désordre, finie l’anarchie, a martelé le procureur de la République, qui engagera des poursuites contre tous ceux qui s’amuseraient à perturber l’ordre public. »

Jean Jacques Koubemba