Eau et assainissement : les acteurs du secteur font un plaidoyer pour la pérennisation des ouvrages

Jeudi 20 Mars 2014 - 11:20

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Lors d’une table ronde sur l’accès durable à l’eau en milieu rural, organisée le 19 mars à l’Institut français du Congo par l’Agence française de développement (AFD)/Bureau de Brazzaville, les participants ont plaidé pour la pérennisation des ouvrages réalisés ou en cours de réalisation dans les différents départements du pays

Après des exposés sur le thème « Permettre un accès durable à l’eau en milieu rural, enjeux et retours d’expériences pour le Congo », les acteurs du secteur ont focalisé leurs débats sur l’amélioration de l’accès à l’eau, et en particulier sur la pérennisation des investissements réalisés en faveur des populations rurales. Ils ont relevé que depuis une trentaine d’années, les difficultés restent importantes en la matière en termes de recouvrement des coûts et d’accès aux pièces détachées du matériel de pompage d’eau. Pour résoudre ce problème été évoquée la nécessité non seulement de mettre en place des comités de gestion des ouvrages réalisés, mais aussi, et surtout, de former des artisans pour assurer l’entretien du matériel, une fois en possession des pièces de rechange appropriées.

Pour la représentante du bureau du Congo de l’organisation internationale Eau et assainissement pour l’Afrique (EAA), Georgette Ingani, une part de responsabilité dans la non-préservation des ouvrages déjà disponibles incombe aux opérateurs qui les réalisent. « Presque tous les opérateurs viennent construire des ouvrages de technologies diverses sans au préalable faire le transfert de ces technologies aux bénéficiaires dans le pays d’accueil ou mettre les pièces de rechange à leur disposition, a-t-elle expliqué. Lorsque le projet prend fin, ils s’en vont sans laisser le matériel d’entretien nécessaire. Ainsi, lorsqu’une panne se déclare, il est très difficile pour les bénéficiaires de la réparer et, généralement, les ouvrages sont abandonnés aussi bien par les donateurs que par les bénéficiaires eux-mêmes. »

Georgette Ingani a par ailleurs appelé au sens des responsabilités les pouvoirs publics concernant l’entretien des ouvrages : « Je ne sais pas si l’État songe aussi à remettre des pièces de rechange aux bénéficiaires de ces projets souvent réalisés à des coûts élevés. Je ne sais pas si les autorités habilitées ont déjà pensé à une telle approche concernant des ouvrages d’eau construits dans les départements du pays. » Elle a présenté les enjeux de l’accès à l’eau pour les populations et les initiatives de l’EAA pour y faire face.

Le chef de projet Eau et assainissement de l’AFD, Martin Lemenager, a édifié les participants sur l’expérience de son agence concernant les projets d’adduction d’eau réalisés en Afrique subsaharienne ainsi que sur leur pérennisation. Parlant spécifiquement du Congo, il a mis l’accent sur la nécessité de mieux coordonner les projets en vue de la pérennisation des ouvrages. « La crise de l’eau est souvent la crise de la gouvernance multiniveaux », a-t-il souligné, faisant remarquer qu’au Congo, la politique sectorielle en matière d’accès à l’eau était en train d’être mise en place, contrairement à certains pays comme la République démocratique du Congo, le Tchad et la Centrafrique, pour ne citer que ces cas.

De son côté, le directeur général de l’Agence nationale pour l’hydraulique rurale, François Gamboni, rappelant le fort potentiel en eau dont dispose le Congo, a appelé à la mutualisation des efforts pour que les populations rurales puissent disposer d’eau comme celles des grandes agglomérations. « Ensemble, a-t-il souligné, tout est possible. » Il a néanmoins reconnu des difficultés d’accès à l’eau en milieu rural et a noté les efforts consentis par le Congo pour satisfaire les attentes de la population. Ainsi, a-t-il souligné, quatre mille forages vont être réalisés dans les villages retenus dans les différents départements. Parlant spécifiquement des enjeux rencontrés au Congo, François Gambomi s’est félicité de l’ouverture à la concurrence des exploitations des ressources en eau et que le marché de la consommation d’eau soit en plein essor dans le pays.

L’accès à l’eau constitue un enjeu important au Congo où le taux d’équipement en milieu rural était en moyenne de 29% en 2008, avec de fortes disparités entre départements. Si des efforts importants sont consentis par le gouvernement congolais afin d’améliorer cette situation, la question de l’accès à l’eau en milieu rural représente encore un enjeu compte tenu de l’isolement, des contraintes techniques ou socioéconomiques rencontrées.

L’eau et l’assainissement font partie des actions prioritaires de l’AFD au Congo. À ce titre, l’agence mène actuellement un projet de drainage pluvial et de gestion des déchets à Brazzaville, pour lequel sont engagés 24 millions d’euros, soit 15,8 milliards FCFA, dans le cadre du Contrat de désendettement et développement (C2D). La table ronde de Brazzaville sur l'accès à l'eau en milieu rural s'est d'ailleurs déroulée en présence du directeur de l'AFD au Congo, Patrick Dal Bello.

Nestor N'Gampoula

Légendes et crédits photo : 

Les quatre animateurs de la table ronde (© DR).