Économie : L’État déterminé à ramener l’ordre dans les activités portuaires

Mardi 1 Septembre 2020 - 15:32

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Les ports clandestins et illégaux sont interdits de fonctionnement sur l’étendue du territoire national. Outre leur fermeture « immédiate », les propriétaires de ces ouvrages seront remis entre les mains de la justice pour des sanctions appropriées, rapporte le compte rendu du Conseil des ministres du 28 août. Sur instruction du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, le gouvernement central devra produire un « rapport circonstancié » sur la question au cours de la prochaine réunion.

C’était une décision très attendue pour ramener une certaine sérénité dans un secteur qui a enregistré de nombreux investissements de manière incontrôlée, violant parfois la législation en matière d’encadrement de l’activité des ports. L’arrivée massive des privés a brisé le monopole de la Société commerciale de transport et ports (SCTP) sur la gestion et l’exploitation des ports dans le bief maritime du pays. En effet, l’Ordonnance N°71-307 du 3 décembre 1971 permettait à l’opérateur public de gérer 90 % des frets maritimes rd-congolais. Avec le contrôle des trois principaux ports du pays, en l’occurrence Matadi, Boma et Banana, l’opérateur public pouvait assumer sans problème son rôle d’autorité portuaire. Toutefois, il existe d’autres ports fluviaux et lacustres au niveau des postes-frontaliers. Mais en réalité, le port de Matadi gère les ¾ du trafic du pays, en dehors du pétrole.        

Aujourd’hui, la situation de la SCTP est catastrophique, car elle a perdu toute compétitivité dans un environnement en pleine mutation. Ses infrastructures ont pris de l’âge, et ne répondent plus au défi de vitesse indispensable dans ce secteur. Parfois, c’est la nature qui s’y mêle avec les érosions et autres éboulements qui progressent inlassablement. A cela, il convient d’ajouter aussi l’incapacité d’accueillir des stocks supplémentaires et même des bateaux transportant des tonnages plus importants. Bien entendu, la liste des difficultés ne serait exhaustive si l’on élude d’autres problèmes réels comme les coûts des services portuaires, la sécurité et le recours à des technologies récentes pour faciliter l’évacuation des marchandises.  

L’arrivée des ports privés à la fois nationaux et même étrangers, à l’instar de celui de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville, vient instaurer une rude concurrence dans le secteur. Dans la foulée, il y a aussi les fameux ports incriminés, nés du désordre qui semble avoir élu domicile du fait de l’inexistence de l’État, analyse Bernard T. « Ce qui  est plus grave est que, dans la plupart de cas, les opérateurs de ces ports privés ferment tout accès aux différents services publics, notamment la police, la douane, la quarantaine, etc. », déplore le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, lors de la réunion du Conseil des ministres. Par conséquent, la première mesure forte du gouvernement de la République est la fermeture purement et simplement de tous les ports privés illégaux et clandestins, dont ceux de Kinshasa pour violation des principes régissant le domaine public de l’État en RDC. Par la suite, l’on fait également un rappel d’autres réglementations régissant les activités qui sont totalement ignorées par les opérateurs.  

En cas d’une bonne application de la loi, il va sans dire qu’il faut s’attendre à une redistribution des cartes dans ce secteur au cours des prochains jours. Mais le problème n’est pas aussi simple. Comme l’explique Bernard T., les nombreux privés ont profité en quelque sorte des difficultés de l’opérateur public pour arracher une part du marché très juteux. « C’est d’abord l’expression d’un besoin sur le terrain. Sans investissements suffisants pour améliorer la qualité de service de l’opérateur public, cette mesure n’aura aucune incidence. Au contraire, elle va renforcer la corruption », explique-t-il. Dans ce secteur, conclût-il, l’État est tout simplement inexistant. Il faut donc un véritable réveil des autorités rd-congolaises dans le sens de rendre les ports publics plus viables. Ce qui n’est pas gagné d’avance.        

Laurent Essolomwa

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