Élections générales de décembre : la Cénco exige une expertise nationale et internationale de la machine à voter

Samedi 30 Juin 2018 - 12:30

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Quarante-sept prélats catholiques ont, dans un message publié le 29 juin, tiré la sonnette d’alarme afin de sauver, pendant qu’il est encore temps, un processus électoral qui, selon eux, va droit à la dérive.   

Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya ainsi que les archevêques et évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) ont, à l'issue de leur 55e assemblée plénière tenue à Kinshasa, du 25 au 29 juin, adressé un message pathétique au peuple congolais intitulé « Sauvons le processus électoral ».  Pendant quatre jours, ces princes de l'Église ont fait le tour d’horizon de la situation politique du pays et décelé les failles qui plombent le processus électoral en cours. Ils en ont émis quelques signaux inquiétants qui trahissent les incertitudes dans lesquelles ploie le pays actuellement.   

À six mois de la tenue des élections présidentielle, législatives et provinciales, les évêques catholiques notent que le climat politique du pays demeure encore tendu avec, à la clé, une situation sécuritaire et humanitaire précaire, sans oublier les droits de l’homme sans cesse bafoués. Convaincus que la sortie pacifique de la crise qui sévit dans le pays passe nécessairement par l’organisation de bonnes élections, les prélats catholiques croient le moment venu pour tirer la sonnette d’alarme afin de sauver un processus électoral qui va droit à la dérive.

Tout en saluant les quelques avancées enregistrées par la Commission électoriale nationale indépendante (Céni) dans le cadre du processus électoral (existence d’un fichier électoral, mise en œuvre partielle des mesures de décrispation du climat politique, timide respect de la liberté des manifestations publiques, etc), les évêques ne se sont pas empêchés d’émettre des inquiétudes quant à la suite des événements. Ces inquiétudes portent notamment sur le non-parachèvement des mesures de décrispation prévues dans l’accord de la Saint-Sylvestre lequel, à leurs yeux, est inexplicable et inacceptable. A cela s’ajoute le maintien en prison ou en exil des cas emblématiques pour leurs opinions politiques. Ce qui, d’après eux, n’est pas de nature à favoriser les élections inclusives et apaisées.         

Concernant le fichier électoral, ils se sont déclarés préoccupés par le fait qu’il divise les parties prenantes au processus électoral. À ce propos, ont-ils noté, l’audit réalisé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a relevé des faiblesses dont le manque d’empreintes digitales pour 16,6%, soit six millions sept cents enrôlés. Autre source de préoccupation, la machine à voter autour de laquelle il n’y a toujours pas de consensus quant à son utilisation. En outre, la persistance de l'insécurité avec la multiplication des groupes armés inquiète les évêques catholiques qui redoutent que le pouvoir s’en serve comme prétexte pour ne pas organiser les élections dans les délais.

Pas de troisième mandat

Tout en rappelant les prescrits de la Constitution qui, en son article 70, limite à deux le nombre des mandats présidentiels ainsi que l’Accord de la Saint-Sylvestre ayant consolidé cet acquis légal, les signataires du message ont prôné l’alternance à la tête du pays. « La RDC a besoin de l’alternance, d’un nouveau leadership et d’une nouvelle classe politique qui placent les intérêts des Congolais au centre de toutes les préoccupations politiques », ont-ils écrit. Et d’exhorter l’actuel chef de l’État à « assumer ses responsabilités devant la nation et de prêter l’oreille aux aspirations du peuple congolais en veillant au respect de la Constitution et de l’Accord de la Saint-Sylvestre ».

Les prélats catholiques ont recommandé à la Céni de « publier le plus tôt possible les listes provisoires qui pourront rassurer que les 6,7 millions d’enrôlés sans empreintes digitales ne sont pas des personnes fictives  et d’apaiser la nation sur la gestion de 1,2 million de surplus de cartes d’électeurs non utilisées ». Ils ont invité, par conséquent, la Centrale électorale à accéder à la demande d’une expertise nationale et internationale de la machine à voter car, ont-ils estmé, « les conclusions d’une telle expertise indépendante pourraient aider à trouver un consensus ». Et d’ajouter à l’intention de la Céni : « Sans consensus à ce sujet, il serait prudent de s’en tenir à ce qui est prévu dans le calendrier électoral, à savoir l’impression et le déploiement des bulletins de vote, des procès verbaux et des fiches de résultats ».

Enfin, les archevêques de la Cénco ont recommandé au peuple congolais et aux hommes de bonne volonté d’être assidus dans la prière pour la sauvegarde du processus électoral. Parmi les quarante-sept archevêques signataires de cette déclaration figurent, entre autres, Mgr Marcel Utembi et Mgr Fridolin Ambongo, respectivement archevêque de Kisangani et président de la Cénco, et archevêque coadjuteur de Kinshasa.      

                          

 

Alain Diasso

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