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Élections locales : l'armée des "Indépendants"

Lundi 29 Septembre 2014 - 10:45

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Pour les concernés, il serait mieux, vingt quatre heures après la tenue des élections locales pour lesquelles ils se sont beaucoup investis, de parler non pas d’armée, mais de raz-de-marée, de victoire écrasante des candidats indépendants. Les résultats du scrutin n’étant pas encore disponibles, il est en effet difficile pour le moment d’évoquer le score réalisé par ces derniers. Il reste une chose : les candidats indépendants sont l’expression populaire de la liberté de briser les arcanes des structures politiques traditionnelles.

Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils et quelle peut être leur marge de manœuvre s’ils parvenaient à gagner suffisamment de sièges?

Plusieurs logiques expliquent la présence dans l’arène des élections locales du 28 septembre de candidats évoluant sous le statut d’indépendant. Par le passé aussi, leur nombre s’était avéré impressionnant aux élections législatives, avec des gains divers. À défaut, aujourd’hui, d’aborder la question de fond en comble, il saute aux yeux que quelques unes des raisons de cette déferlante indépendantiste sont : les frustrations subies par les uns et les autres au long de leur engagement politique dans leurs partis respectifs (c’est ce qu’ils disent) ; le désir pour chacun de prendre date et marquer son temps, et enfin, le gros amateurisme.

Frustrations : la plupart des candidats indépendants sont des hommes et des femmes ayant longtemps milité au sein des partis politiques existants. C’est un secret de polichinelle de dire que les formations congolaises ont encore du chemin à faire pour se démocratiser plus que par le discours officiel qu’elles distribuent aux médias. Quand elles l’auront fait, elles se départiront de cette image de « petites dictatures féroces » que leur collent ceux qui les quittent parfois sans signaler mais avec amertume. Très souvent, ces « déserteurs » décrivent des entités régentées comme de véritables sectes au sein desquelles les règlements intérieurs et autres documents de chevet présentés à leur création ne sont que de simples faire-valoir. Les listes indépendantes aux élections sont allongées par tant de ruptures.

Prendre date : souvent aussi, ce sont des hommes et des femmes qui n’ont aucune attache avec un passé politique quelconque, qui décident de s’engager sur cette voie. À la tête d’associations ou à titre individuel, ils mettent en avant leur volonté de présenter leur vision de la société et déclarent se ranger au service de leurs compatriotes pour, espèrent-ils, changer l’ordre des choses, donner une nouvelle impulsion au débat politique. Avec les moyens du bord, ils se lancent à corps perdu dans la bataille. Si la chance leur sourit, ils remercient le ciel de tout cœur. Quand ce n’est pas le cas, certains jurent de ne jamais plus recommencer.

Amateurisme : lorsque les candidats indépendants sont des dissidents de partis existants, ils ont une certaine expérience à partager : le débat politique, l’organisation des activités du parti, la connaissance des institutions nationales et leur fonctionnement, la place et le rôle d’un élu dans une circonscription, autant de sujets sur lesquels, rarement, certains élus indépendants tiennent le haut du pavé. Surtout, lorsqu’ils ne prennent pas le temps de se former afin de se rendre compte que le choix qu’ils font de servir l’intérêt général ne se limite pas au seul fait de briguer un mandat public ou d’en hériter l’indemnité.

Sont-ils nombreux, ces candidats indépendants, qui une fois élus, consacrent un peu de leur temps devenu précieux, à comprendre ces mécanismes énoncés plus haut ? Sans doute non, alors même qu’ils rêvent de prendre les choses en main au nom de la faillite des partis politiques. La route est longue.
 

Gankama N'Siah

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